Le pitch

La Kill List : le secret le mieux gardé du gouvernement américain. Les noms de tous ceux qui menacent la sécurité du monde.

Le Prédicateur : l'ennemi public n° 1. Un fanatique islamiste qui incite les jeunes musulmans à tuer des personnalités occidentales de premier plan.

Le Traqueur : ex-US Marine, un des agents antiterroristes les plus redoutables des États-Unis.

Alors qu'une vague de massacres déferle sur l'Occident, ordre est donné d'éliminer le Prédicateur. Mais comment arrêter une ombre ?

Mon avis

Frederick Forsyth, pour les connaisseurs et amateurs de thriller, c'est le pape incontesté du grand roman d'espionnage, politique et militaire.

C'est l'auteur qui, avec des romans comme le Quatrième protocole ou L'alternative du diable, a créé un genre et dominé le marché mondial pendant une bonne dizaine d'années (de 1975 à 1985), avant de transmettre de facto le sceptre de number one à Tom Clancy.

Cela ne veut pas dire que Forsyth, par la suite, a passé la main, mais les parutions se sont espacés et  la qualité de ses romans a légèrement faibli, sans doute par manque de conviction, une foi la disparition de l'U.R.S.S. actée.

Il n'en reste pas moins qu'un nouveau roman de l'auteur est toujours un petit événement, et c'est avec curiosité que je me suis lancé dans la lecture de Kill list.

Forsyth a troqué les conflits est-ouest, communiste contre capitaliste, par des conflits nord-sud, occidentaux contre pays émergents, pays du golfe et de l'Afrique noire, Amérique contre extrémistes musulmans.

Et ça fonctionne presque aussi bien !

Le début de roman n'est pas complètement réussi, car l'auteur oublie de prendre le temps de poser ses personnages afin de leur donner une certaine épaisseur.

Mais il ne faut pas laisser tomber, car on rentre très vite dans une mécanique narrative implacable où Forsyth, avec ses qualités habituelles - précisions des faits, documentation d'une richesse invraisemblable - plonge le lecteur dans un techno thriller militaire redoutable d'efficacité.

C'est en fait une sorte de documentaire de politique fiction auquel le lecteur assiste comme un spectateur de film à grand spectacle.

Un documentaire bourré d'informations que l'on devine précises, vérifiées, actualisées sur les techniques terroristes et militaires,avec un sens du rythme qui transforme très vite le livre en Tourne Page.

J'avoue en avoir appris des tonnes, par exemple, sur les méthodes de surveillance à distance (par satellite, notamment) et sur les techniques d'opération commando en plein désert.

Le schéma fonctionne vraiment bien jusqu'à la fin.

Alors d'où vient cette impression de frustration, qui ne m'a pas lâché du début jusqu'à la fin du roman ?

Sans aucun doute, du caractère très désincarné de la narration, choisie par Forsyth.

Documentaire plus que roman, le récit manque de chair, de détails sur les protagonistes; mais surtout de dialogues, presque complètement absents de tout le livre.

Pour une fois, on se dit en tournant la dernière page que l'on aurait bien supporté une petite centaine de pages supplémentaire, histoire de mettre un peu de chair sur un squelette parfait.

C'est ce qui empêche Kill list d'être un grand roman du genre. Mais cela reste un livre parfait pour un long voyage en train ou en avion !