Knockemstiff

Donald Ray Pollock

Libretto

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Le pitch

Un soir d'août au Torch Drive-in quand j'avais sept ans mon père m'a montré comment faire mal à quelqu'un. Il n'était bon qu'à ça. C'était il y a des années, quand aller au cinéma en plein air était encore une nouveauté dans le sud de l'Ohio. Ils donnaient Godzilla, et en première partie un film de soucoupes volantes à la con qui montrait comment des moules à tartes pouvaient conquérir le monde.

Des personnages déjantés, assommés par la violence et un mauvais karma, nourris de drogues frelatées, habitent la bourgade bien réelle de Knockemstiff.Leurs vies, cruelles et comiques à la fois, sont celles des laissés-pour-compte des dernières décennies du XXe siècle américain. Papys Alzheimer ou camionneurs speedés peuplent ces dix-huit récits salués par Chuck Palahniuk.

Mon avis

L'histoire est magique, comme seule l'histoire de la littérature est capable d'en délivrer : Donal Ray Pollock a, jusqu'à 50 ans, exercé le métier d'ouvrier puis de conducteur de camion (voir par ailleurs mon avis concernant son formidable premier roman Le diable, tout le temps).

Après la participation à des ateliers d'écriture, il publie un premier ouvrage, un recueil de nouvelles, Knockemstiff.

18 nouvelles qui annoncent, de manière assez stupéfiante, les thèmes, les obsessions et le style du roman qui sortira peu après et qui sera salué par la critique du monde entier.

La qualité de ces nouvelles est hallucinante. Densité du propos (elles font quasiment toutes entre dix et quinze pages serrées), maîtrise de l'exposition, qualité des chutes (à une ou deux exceptions près).

Mais quel contenu !

Il s'agit, je tiens à le préciser ici, d'un bouquet de fleurs vénéneuses, 18 courtes histoires d'une noirceur absolue, construites exactement sur le même thème (c'est la force, mais aussi la seule faiblesse du recueil, d'ailleurs).

Knockemstiff, c'est le trou du cul du monde, une bourgade au fin fond de l'Ohio où, d'ailleurs, Donald Ray Pollock est né...

Un patelin d'une pauvreté économique et intellectuelle absolue, peuplé de paumés, tarés, cinglés, des petits blancs tels que l'Amérique est encore capable d'en produire, de laisser pour compte et abandonner sur le bord de la route du progrès.

Ces nouvelles, ce sont des brefs reflets de leur vie.

C'est plein d'alcool, de drogues, de sexe perverti, d'immondices. Lâcheté, étroitesse d'esprit, méchanceté...

Une fois que vous aurez parcouru ces pages, horrifié, vous comprendrez beaucoup mieux comment Donal Trump a pu être élu Président des Etats-Unis en 2016, une élection qui était tout sauf le fruit du hasard !

Je vous ai tenté ? Au moins vous ne pourrez pas dire que je vous ai fait miroiter un séjour à Disneyworld ! Non, ici, vous êtes dans la réalité la plus sordide !

Et pourtant, c'est absolument fascinant, grâce au talent de D.R. Pollock. Ces nouvelles, il faut en lire une, deux au maximum par jour, sinon vous risquez de faire une overdose de noirceur.

Si vous avez le cœur bien accroché, si vous êtes majeur et vacciné, lancer vous dans cette balade au bout du monde civilisé.

Vous n'en reviendrez pas indemne ! L'occasion, de surcroît, de découvrir un futur grand de la littérature américaine.

 

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