KRAA

L'intégrale

Benoit Sokal

Casterman

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Le pitch

Une vallée reculée, au fin fond d'un pays qui pourrait être l'Alaska ou la Sibérie. Presque personne n'y vit, hormis la faune sauvage et un peuple autochtone discret. Hélas, le sous-sol regorge de matières premières et bientôt les affairistes déferlent, pressés d'y construire une ville, des mines, un barrage... Et personne ne doit faire obstacle au « progrès » !

Dans une nature somptueuse mais succombant aux assauts du progrès, un aigle gigantesque et son « frère » humain réclament vengeance...

KRAA

Mon avis

KRAA restera comme la dernière grand œuvre BD achevée de Benoit Sokal, mort en 2021.

Drôle de carrière que la sienne. Un destin unique, avec une jambe dans la BD (avec principalement sa série consacrée à l'inspecteur Canardo), et une dans le jeu vidéo (avec de grands titres comme L'Amerzone ou Sibéria).

Quoiqu'il en soit, Benoit Sokal était un auteur au style immédiatement reconnaissable, un peu comme Schuiten, son ami et coreligionnaire. C'est d'ailleurs ce dernier qui sera chargé d'achever après sa mort Aquarica,  le dernier album de l'auteur belge.

KRAA

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KRAA permet à ceux qui ne le connaissent pas bien, de découvrir toutes les facettes du talent de Sokal.

Une trilogie d'albums qui forment en fait un seul récit, long de 230 planches, regroupés par Casterman en une très belle intégrale, avec cette couverture centrée sur la tête de KRAA, le rapace qui est le personnage principal de ce drame.

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KRAA

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Pas besoin de passer des heures pour terminer l'intégrale : KRAA n'est pas un récit bavard.

Au contraire, même, puisqu'il s'efforce de mettre en avant la nature, avec de magnifiques vignettes où le talent d'illustrateur éclate, évident.

Comme il s'agit d'un drame, la tonalité de l'album est presque uniformément en mineur : peu de lumière, des dégradés de couleurs sombres, un récit dur, où la mort prend presque systématiquement le pas sur la vie.

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KRAA

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Fable animiste terrible sur la lutte entre les hommes et la nature, KRAA développe des thèmes parfaitement dans l'air du temps.

Mais le pessimisme de Sokal prend toujours le dessus, puisque il y a égalité presque parfaite entre humanité et nature : à la fin, il n'y a pas de gagnant, que des perdants.

Mon seul souci avec Benoit Sokal, depuis le début de sa carrière, à toujours été la manière dont il dessine les visages : traits exagérés, taillés à la serpe, ses personnages ne sont pas beaux.

Mais ici, on découvre à quel point, il sait restituer la beauté effrayante d'un aigle en plein vol.

 

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