La loterie

et autres contes noirs

Shirley Jackson

Rivages/noir

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Le pitch

Shirley Jackson n'aura pas eu besoin de publier des dizaines de livres pour marquer la littérature. Une nouvelle, La Loterie, a suffi à laisser une empreinte indélébile dans l'esprit de tous les lecteurs de ce texte, qui fit scandale lors de sa première parution dans le New Yorker.

Les autres nouvelles qui composent ce recueil sont autant de diamants noirs, troublants, obsédants, dérangeants. Tout se passe dans de petites villes, avec des commerces de proximité, dans des maisons aux pelouses impeccables et aux salons confortables, et pourtant, sous la plume diabolique de Jackson, ces lieux deviennent incroyablement anxiogènes. Sans qu'on n'ait rien vu venir, le mal s'est installé.

Mon avis

Shirley Jackson : romancière américaine disparue prématurément en 1965, à l'âge de 49 ans.

Auteure à succès, de son vivant, connue pour sa capacité à introduire l'étrange et le fantastique dans la littérature américaine alors que l'Amérique puritaine s'épuise dans des débats moraux d'arrière-garde que mai 68 fera exploser.

Inconnue en France, jusqu'à il y a peu, quand Rivages/noir a entrepris de la faire découvrir aux lecteurs de l'hexagone.

Un grand merci à l'éditeur car la découverte en valait le coup !

J'avoue ne pas avoir été totalement séduit par le premier roman proposé par l'éditeur, Nous avons toujours vécu au château étant un exercice de style qui, sur la durée, tourne un peu en rond.

Par contre, le recueil de nouvelles que j'ai entre les mains (et qui sera je l'espère bientôt entre les vôtres !) est un petit bijou d'écriture étrange, serré comme un expresso napolitain.

13 nouvelles (13, bien sûr !) avec, en ouverture, La loterie, ce court texte mis en exergue par la quatrième de couverture.

Paradoxalement, cette nouvelle n'est pas la meilleure du recueil car j'en ai trouvé la chute un peu prévisible.

Mais elle est parfaitement représentative du choc que les écrits de Shirley Jackson provoquèrent dans le cerveau de nombreux de ses compatriotes lors de sa sortie dans le New Yorker, en 1948, comme l'explique fort bien la longue postface de Miles Hyman.

Le principe des nouvelles de l'auteure est un peu toujours le même : introduire dans le récit - qui se déroule sur un décor confondant de normalité - un décalage cognitif qui va s'élargir au fil des pages, faisant douter de plus en plus le lecteur, au point qu'il finit par se sentir complètement perdu - et donc pas vraiment confortable dans ses chaussettes (de lecteur).

D'où le malaise.

L'exemple le plus représentatif - et le plus réussi - est la nouvelle Paranoïa, un petit chef-d'oeuvre de manipulation mentale, où Shirley Jackson fait preuve d'une subtilité et d'une maîtrise d'écriture tout à fait remarquable.

Au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture, j'ai réalisé à quel point cette petite bonne femme a influencé la culture américaine.

Sans elle, Richard Matheson et Ray Bradbury, dont les débuts sont contemporains avec l'apogée de sa carrière, auraient-ils été si loin ?

Stephen King aurait-il écrit de la même manière ?

Sans ses nouvelles, la série La quatrième dimension aurait-elle vu le jour ? Et aujourd'hui, Black mirror aurait-elle été produite ?

A découvrir, séance tenante !

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