La maison des feuilles

Mark Danielewski

Monsieur Toussaint Louverture

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Le pitch

Johnny a trouvé un mystérieux manuscrit à la mort d'un vieil homme aveugle. Il décide de le mettre en forme et de l'annoter de façon très personnelle.

Le texte se présente comme un essai sur un film, le Navidson Record, réalisé par Will Navidson, un photoreporter, lauréat du prix Pulitzer. Will, qui vient d'emménager avec sa famille dans une maison en Virginie, filme son installation, réalisant une sorte de «home movie». Tout s'annonce bien jusqu'à ce qu'il découvre une pièce qui n'existait pas.

Passé l'étonnement, il se rend à une évidence troublante : la maison est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Navidson tente d'explorer les lieux mais, après avoir manqué se perdre, il engage des explorateurs professionnels. L'horreur commence alors. Aussi bien pour les membres de l'expédition que pour le lecteur - lui-même égaré dans le dédale des notes qui envahissent les pages comme un lierre maléfique.

Que cache la maison ? Quel est ce grondement qu'elle émet de temps en temps ? Pourquoi Johnny a-t-il ces cicatrices ? Pourquoi le manuscrit de Zampanó semble-t-il le rendre fou ?

À la fois jeu de piste, récit fantastique, dérive personnelle, essai faussement académique, La Maison des feuilles a pour effet de changer progressivement le lecteur en apprenti sorcier, monteur de salle obscure, détective amateur, spectateur. Une lecture littéralement habitée.

Mon avis

Le livre des feuilles est un OVNI littéraire publié pour la première fois en France par Denoël  en 2002.

Rapidement épuisé, il est réédité en 2013 dans son format d'origine par la même maison d'édition (dont il faut saluer l'extraordinaire travail de traduction et de composition, avec le concours du Centre national du livre), puis en format poche en 2015 dans la collection Point signatures.

Aujourd'hui, remastérisé, il fait enfin l'objet d'une nouvelle réédition remasterisée par la formidable maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture, que je salue également !

Autant vous le dire tout de suite : inutile d'acheter ce roman unique en petit format, cela serait comme s'offrir Le déjeuner sur l'herbe de Monet, mais en photocopie et en noir et blanc : impossible de rendre justice à ce livre improbable, si ce n'est dans son format originel !

Et 30 €, pour la version brochée d'un tel ouvrage, 700 pages d'un format exceptionnel (23.5*17 cm) imprimé sur un superbe papier à la fois lourd et très fin, ce n'est absolument pas exagéré...

Bien, passons aux choses sérieuses et parlons du fond.

La maison des feuilles est un des livres les plus étonnants que j'ai pu croiser dans ma longue vie de lecteur compulsif.

Livre monde, il en contient plusieurs (livres).

Narration à multiples niveaux, tant pour la narration principale que pour les notes de bas de pages qui se renvoient les unes aux autres et s'étagent, plongent, pour parfois digérer et remplacer le corpus principal.

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La maison des feuilles

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Vous n'avez rien compris ? C'est normal !

Car si les personnages principaux passent leur temps à tâtonner, pour comprendre où ils sont et où ils vont, il en est de même pour le lecteur.

Ce dernier, interloqué, va très vite, en suivant la composition délirante de l'oeuvre, se retrouver confronté à des hauts et des bas, une typographie changeante, une impression parcellaire, en spirale, en travers, avec des inclusions, des exclusions, à l'endroit, à l'envers, des pages - presque - blanches et des pages noires de texte...

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La maison des feuilles

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Le schéma virtuose de La maison des feuilles, un travail dantesque (Mark Danielewski a mis douze ans à l'écrire), est donc destiné à dérouter le lecteur qui, comme les héros du Navidson record, le film qui constitue en quelque sorte le centre de l'oeuvre.

Lui faire perdre ses repères, remettre en question la logique même du schéma narratif traditionnel.

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La maison des feuilles

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Certains ont parlé par la suite à propos de ce livre d'un exemple d'hypertexte de fiction et tenté de reconstituer sur des graphiques ad hoc les liens entre les différents corps du texte !

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La maison des feuilles

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Bien. Je crois que je vous ai plus fais peur que donné envie.

Cela serait dommage car il s'agit avant tout d'un roman qui est lisible, compréhensible et d'une telle intelligence novatrice qu'il faut absolument le lire et le placer dans sa bibliothèque.

Attention : le récit fait peur (l'exploration de la maison est tout simplement stupéfiante). Très peur.

Vous aimez être pris dans l'ambiance angoissante des films d'horreur qui ne montrent rien mais font monter les battements de votre cœur dans les tours ? Alors c'est pour vous.

Et n'oubliez pas de l'offrir à tous vos proches pour qui la lecture ne constitue pas un passe-temps, mais une partie essentielle de leur vie...

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