La monture
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La monture
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Le pitch
Non contents d'avoir colonisé la Terre, les Hoots, créatures extraterrestres malingres aux jambes trop faibles pour les porter, ont réduit les humains à l'état de bêtes de selle. Jeune humain d'apparat, Charley est destiné à devenir la monture du prince héritier des Hoots. Mais la troublante considération que lui porte son petit maître et sa rencontre avec son père, humain sauvage réfugié dans les montagnes, vont faire prendre conscience à Charley de son humanité perdue.
Commence alors pour le garçon et le Hoot un long voyage initiatique qui les mènera loin sur le chemin de la compréhension mutuelle.
Mon avis
Sous sa jolie couverture stylisée, voilà un bien curieux roman !
Je dirais même que son sujet, tout autant que sa manière de le traiter, font de La monture un roman tout à fait unique en son genre.
Imaginez une race d'extra-terrestres au physique très particulier envahissant la Terre et asservissant la race humaine comme des animaux de compagnie.
Les hommes deviennent ainsi pour les Hoots, une fois dressés, domptés, nourris et utilisés comme des chevaux, des montures leur permettant de compenser la faiblesse de leur constitution.
Le seul roman de SF qui traite de cette façon la relation dominant/dominé est, dans mon souvenir, La planète des singes, de Pierre Boulle.
Mais ici, la projection prend une toute autre dimension car, au fil du temps, la plupart des humains a perdu le souvenir de son autonomie et considère son condition comme normale.
Le narrateur, qui entre à peine dans l'adolescence, considère sa situation est normale.
Pire : son conditionnement le pousse à se rebeller le jour où des humains restés libres le libère de son asservissement et l'entrainent dans une "révolution" contre les envahisseurs.
Dès lors, dans ce monde "à l'envers" où la fierté d'être une monture musclée et docile tient lieu d'objectif de vie, le jeune Charley va voir toutes ses certitudes et les fondements de son existence remis en cause, bouleversés, renversés, avant de découvrir les joies de l'amitié et de l'amour.
Avec une sensibilité et une finesse impressionnante, Carol Emshwiller lève et traite toutes les questions soulevées par son postulat de départ. Et dieu sait si elles sont nombreuses !
La poésie dégagée par le récit de Charley est souvent, parfois très touchante, et la perte de repère qu'inflige au lecteur Carol Emshwiller assez perturbante.
Un gros bémol, cependant : le sujet eut mérité, à mon avis, un traitement beaucoup plus court car, au cours des presque 300 pages, les redondances sont vraiment trop nombreuses.
Une novella à l'américaine, une grosse centaine de pages, sans doute, aurait été parfaite.
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