La tombe des lucioles

Akiyuki Nosaka

Piquier poche

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Le pitch

Avant de devenir le célèbre dessin animé de Takahata Isao, La Tombe des lucioles est une oeuvre magnifique et poignante de l'écrivain Nosaka Akiyuki.

L'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage ; une histoire qui est celle que Nosaka vécut lui-même, âgé de quatorze ans, en juin 1945.

Mais Nosaka, c'est aussi un style inimitable, une écriture luxuriante que l'on reconnaît d'abord à son brassage de toutes sortes de voix et de langues. Une prose étonnante, ample, longue, qui réussit à, concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, secouée de mots d'argot, d'expressions crues, d'images quasi insoutenables, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle.

Mon avis

De très nombreux amateurs de cinéma d'animation japonais ont vu, une fois dans leur vie, le formidable dessin animé de Takahata Isao; ils ont alors pleuré toutes les larmes de leur corps car il est impossible de ne pas avoir le cœur déchiré par cette terrible histoire. Mais combien ont lu la nouvelle d'Akiyuki Nosaka, dont est tiré le film ?

Si, comme moi, vous êtes passé jusque là à côté de cette perle littéraire, voici l'occasion de prendre une petite heure pour découvrir, à un coût totalement négligeable, un texte indispensable.

50 pages, pas plus, mais 50 pages d'une densité stylistique et émotionnelle exceptionnelle. 50 pages au cours desquelles vous allez suivre le destin tragique de deux enfants japonais, à la fin de la seconde guerre mondiale, victimes innocentes de l'horreur absolue qui s'est abattue sur leur pays, en représailles à d'autres horreurs provoqués par les armées de leur propre peuple.

Qu'est-ce qui rend ce récit exceptionnel, pourquoi est-il considéré, encore aujourd’hui, comme une pièce maîtresse et indispensable de la littérature japonaise ?

La première raison, selon moi, tient à cette capacité de l'auteur a développer un récit à deux niveaux de lecture, les deux niveaux étant tout aussi étonnants l'un que l'autre. Ce récit peut-être vu comme une simple métaphore, et ses personnages comme de figures de style : la guerre, les victimes; mais il peut être aussi lu comme un témoignage concret, réel, ancré dans le sang et la poussière, ce qu'il est d'ailleurs puisque Akiyuki a réellement vécu cet enfer étant enfant.

La seconde raison tient tout simplement à la qualité littéraire intrinsèque du texte. Accrochez-vous, respirez un grand coup, avant de plonger dans le fleuve bouillonnant de ses phrases interminables où s'entrechoquent les mots les plus anodins et les expressions les plus populaires, les descriptions les plus simples et les visions les plus atroces. Attention : phrases interminables, certes, mais rien à voir avec un syndrome d'identification proustien, le texte parait si simple qu'il pourrait être lu et compris par un enfant de huit ans.

La tombe des Lucioles est publié dans un recueil qui comporte une seconde nouvelle, un peu plus longue, Les algues d’Amérique. Même si elle n'est pas dénué de qualité, il lui manque la terrible simplicité du premier texte.

Mon conseil : allez-y, osez La tombe des lucioles. Je vous aurais prévenu : vous aurez le cœur déchiré, mais il faut le lire.

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