Le baron

Jean-Luc Masbou

Delcourt

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Le pitch

A l'automne de sa vie, le Baron de Münchhausen se retrouve confronté au livre fraîchement publié qui raconte ses aventures. Un livre qui, certes, lui amène une popularité et une certaine notoriété bien au-delà de la région où il réside mais qui le confronte à la mort en faisant de lui un héros de papier et non plus un conteur !

Notre baron se décide à rétablir la vérité, et quelle vérité !

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Le baron

Mon avis

Peu ou prou, tout le monde connait le Baron de Münchhausen.

Personnage réel extraordinaire du XVIII° siècle, aussi connu au centre et à l'est de l'Europe que son homologue Cyrano de Bergerac dans les pays latins, il a - comme ce dernier - inspiré moult contes*, récits, pièces de théâtre, films...

Un personnage hors norme, devenu une légende littéraire plus vraie que nature.

Difficile, donc, au bout de deux siècles d'exploitation, de créer une oeuvre à son propos qui ne soit pas, plus ou moins, une redite.

C'est pourtant ce qu'est parvenu à faire avec beaucoup d'habileté et de savoir-faire Jean-Luc Masbou !

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Le baron

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En ouvrant cet album de grand format (34*25 cm) dont la magnifique couverture aux couleurs tendres n'a pu qu'attirer le lecteur potentiel, impossible de ne pas plonger immédiatement dans ce long one shot aux graphismes magnifiques.

Le baron

Jean-Luc Masbou, déjà consacré par la magnifique série historique et anthropomorphique De cap et de crocs, est parvenu à "retourner" le mythe en le confrontant à son propre personnage. Le baron, sur la fin de sa vie, découvre le livre qui décrit ses propres exploits, et frotte ces écrits à la réalité de sa mémoire.

Tout au long de l'album, on passe ainsi de planches présentant le vrai Baron, à d'autres, narrant ses exploits mythiques... ou plutôt mythifiés par l'auteur des contes.

Le baron

Pour chaque scène "réaliste", un dessin et une tonalité constante, jouant sur des couleurs pastels.

Pour chaque plongée dans un récit de ses exploits supposés, un dessin, une typographie et une gamme chromatique différente, à chaque fois sur le principe d'une représentation monochrome.

Le baron

Le lecteur passe ainsi d'une scène entièrement rose bonbon à une autre vert céladon, avant de plonger dans une autre bleu roi.

C'est tout simplement splendide. Quelle idée formidable !

Masbou a toujours teinté ses albums d'un humour frais et constant; on le retrouve et on le reconnait ici.

Le baron

En déconstruisant le personnage de roman, il lui redonne une humanité - et parfois, c'est étonnant, une certaine humilité ! -  qui le rend sympathique : Münchhausen est le père et le roi des mythos, par de doute, mais on comprend mieux ici pourquoi il a fasciné (à l'époque, pour de vrai !) toute une civilisation !

Graphismes magnifiques, humour délicieux, récit intelligent : que demande le peuple !

Une des grandes réussites BD 2020, à ne pas manquer, quel que soit votre goût pour les contes et la chose militaire...

* NB : vous trouverez ailleurs sur le site une présentation de l'édition des contes datant de 1851 que j'ai la chance d'avoir dans ma bibliothèque.

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