Le pitch

En ces temps fort lointains habitait dans la ville de Solidor Illian, jeune apprenti sculpteur. Son habileté ravissait l'impitoyable Maître Koppel, délesté ainsi de la plupart des tâches de sculpture. Les habitants de Solidor avaient développé une passion pour les oiseaux exotiques, et chaque maison comportait au moins une cage en bois, avec au moins un oiseau. Les écouter enchantait Illian.

Un soir, tandis qu'il fignolait un petit rossignol sculpté dans un rebut de bois, Maître Koppel surgit, furieux, avant d'être apaisé par sa fille, émerveillée par la sculpture. Une sculpture dont ils étaient, à cet instant, loin d'imaginer les répercussions sur toute la ville...

*

Mon avis

Avant sa tragique disparition prématurée en 2020, le grand scénariste Hubert a ébloui le monde de la BD francophone par son talent plein de délicatesse.

La saga des Ogres dieux (avec Bertrand Gatignol), la complicité avec Virginie Augustin (Monsieur Désire, Joe la pirate), et le phénomène à succès Peau d'homme (avec Zanzim).

Parmi toutes ces créations, l'une d'entre-elles mérite qu'on s'y attarde un peu, car ce n'est pas forcement celle dont on a le plus parlé, alors même qu'il s'agit d'une indiscutable réussite.

*

*

Publié en octobre 2019, Le boiseleur est le premier volet d'un projet conçu comme une trilogie par Gaëlle Hersent et Hubert. Malgré la disparition d'Hubert, Gaëlle Hersent bouclera seule le projet avec un second et dernier volume.

[A noter que l'album est écrit de telle manière qu'il peut sans problème et sans vraiment de frustration être lu comme un one shot.]

*

*

Comme souvent chez Hubert, l'histoire ressemble à une fable. Une fable ici tout public car, contrairement aux autres albums évoqués plus haut, il n'y a pas plusieurs niveaux de lecture.

Gaëlle Hersent est à l'origine du projet, c'est elle qui a apporté l'idée de départ; et c'est son compagnon d'atelier qui l'a développé, avant qu'ils ne travaillent main dans la main pour le développement graphique.

Une réalisation sous un format exceptionnel (du A2), qui permet à la jeune graphiste d'exploiter au mieux son formidable talent de dessinatrice.

*

Crayonné de la case principale de la page 24

*

L'album fait 90 planches, mais il se dévore très (trop vite), car, à côté du texte (assez abondant) d'un récitant qui raconte l'histoire comme le ferait un père avec son enfant au moment du coucher, il n'y a quasiment pas de dialogues.

C'est l'image qui est privilégiée : j'ai compté par moins de 20 planches pleine page, 8 autres s'étalant sur des double-pages !

*

La planche de la page  24, une fois mise en couleurs

*

Autant de vues superbes, étonnantes de richesses picturales saturées de couleurs ocres qui plongent le lecteur dans une ambiance orientale digne des mille et une nuit. Car c'est bien un nouveau conte des 1 001 nuits bourré de poésie que l'on suit avec son âme d'enfant !

Vous cherchez à retrouver l'enfant qui est en vous pour quelques instants ? C'est ici que vous le retrouverez !