Le sang ne suffit pas

Alex Taylor

Gallmeister

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Le pitch

1748. Dans les montagnes enneigées de l'ouest de la Virginie, un voyageur affamé arrive près d'une cabane isolée. Reathel erre depuis des mois, flanqué d'un dogue féroce. Mais l'entrée lui est refusée par Un colon hostile qu'il n'hésite pas à tuer.

Il découvre alors à l'intérieur une jeune femme, Della, sur le point d'accoucher. L'enfant naît dans cette solitude glaciale. Pourtant, le froid, la faim et l'ourse qui rôde dans les parages ne sont pas les seuls dangers pour la mère et le nouveau-né. Car ce dernier a été promis à la tribu Shawnee : c'est le prix à payer pour que Black Tooth, leur chef, laisse en paix les colons du village voisin.

Alors que les Shawnees se font de plus en plus impatients, la colonie envoie deux frères à la poursuite de Della, désormais prête à tout pour sauver son bébé.

Mon avis

Anglais polyglotte installé depuis des années en France, Alex Taylor est avant tout un homme de radio.

Cependant, quand il se lance dans le roman, le lecteur n'est pas près de l'oublier, car ce récit publié (en exclusivité) directement en France par l'excellent éditeur Gallmeister a de quoi marquer les esprits, je vous le garantie !

Impossible de passer à côté du pitch, terriblement séduisant lorsqu'on est un adepte de cette littérature américaine des grands espaces, surtout lorsqu'elle se déroule dans un contexte historique.

Dès les premières pages, Alex Taylor saisit le lecteur à la gorge, avec une série de scènes cruelles, sanglantes, décrivant avec un réalisme terrible le combat d'une série de personnages pour survivre aux dangers de la nature... mais surtout à la cupidité et la méchanceté humaine.

Combats sanglants, meurtres, cannibalisme : rien ne nous sera épargné, dans une orgie croissance de scènes terribles où la nature humaine ne parvient pas à trouver sa place.

Je préfère ne pas aller dans le détail du scénario, non seulement pour préserver un suspens nécessaire si vous souhaitez profiter pleinement de votre lecture, mais aussi pour ne pas heurter votre sensibilité, tant les péripéties dépassent allègrement le supportable à plusieurs reprises, même pour un lecteur aguerri !

Sachez simplement que les thèmes du roman sont simples et proches de ceux du mouvement natural writing : l'homme, impitoyable par nature, agresse la nature et agresse ses semblables, sans aucune pitié; en retour il paie pour cette agressivité : au centuple...

Objectivement, le caractère hyper réaliste du roman, avec cette violence rarement atteint dans un récit du genre, choque sans doute tout autant qu'il finit par fasciner.

En lisant certaines pages, on ne peut s'empêcher de penser que l'Amérique sauvage du milieu du XVIII° sicècle, c'était sans doute parfois ça : struggle for life, du matin au soir.

Cependant, Alex Taylor va si loin dans la surenchère de violence (ir)réaliste qu'il finit par se détacher du contexte historique crédible pour aborder un happening (que je ne raconterais pas) que j'ai fini par trouver un peu too much car totalement invraisemblable.

 Trop de réalisme tue le réalisme, aurait dit le poète...

Dommage, car la prose d'Alex Taylor est très belle, avec ce brin de poésie qui permet - heureusement - d'adoucir parfois le climat sanglant du roman.

Pour les amateurs de grands espaces dans l'ouest américain historique, au cœur bien accroché.

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