L’entrepôt

Rob Hart

Belfond / Pocket

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Le pitch

Bienvenue chez Cloud. L'alpha et l'oméga du commerce en ligne. Le mastodonte de l'économie mondiale. Pour ce Big Brother version Business, le monde est un algorithme à sa merci. Ses employés ? Des esclaves connectés, cadencés, standardisés.

Ex-petit patron au chômage, Paxton découvre avec effarement ses nouvelles conditions de travail, cet entrepôt aux allures de ville sous surveillance... Quant à Zinnia, autre nouvelle recrue, elle n'entre pas chez Cloud par hasard. Si cette amazone de la révolution compte infiltrer la compagnie, c'est pour mieux la détruire – de l'intérieur...

Mon avis

L'entrepôt : pas terrible, comme titre non ? Pourtant fidèle au titre américain : The warehouse. Mais en cherchant bien sur la page du copyright, on peut découvrir que le titre original du roman est : MotherCloud. Un peu difficile à traduire, mais tellement plus intelligent et en rapport avec le sujet !

Car c'est bien de la protection (de l'omnipotence) du cloud dont veut parler Rob Hart dans cette dystopie où une entreprise qui ressemble beaucoup à un de nos géants du commerce en ligne (dont le nom commence par un AM et se termine par ON) régente désormais la vie de tous ses salariés. Et tous ses salariés, cela fait beaucoup, car l'entreprise big brother semble avoir bouffé tout le commerce traditionnel; et sans doute aussi une bonne partie de l'administration et du pouvoir.

Le roman commence quand les deux personnages principaux se font embaucher par la boîte, chacun avec une intention particulière derrière la tête, qui n'est pas seulement de bien travailler.

Voilà le décor. On imagine ce que Rob Hart a voulu faire : surfer sur un sujet d'actualité, et se projeter dans l'avenir pour imaginer jusqu'où cela pourrait mener. Sauf que l'auteur n'a pas les moyens de son ambition, et le résultat est assez plat, inodore et sans saveur, sans être forcement antipathique.

Plate, l'intrigue, avec des péripéties très prévisibles que Rob Hart déroule avec une lenteur soporifique (550 pages !) et pour arriver à un final très peu surprenant.

Plate, la dystopie, à peine esquissée : l'auteur ne se donne même pas la peine d'imaginer la structure du monde futur, et la seule référence à un évènement (lié au Black friday) n'est même pas expliqué.

Plat, enfin, le style. Rob Hart n'écrit pas mal; non, il écrit plat ! Son roman est rédigé comme un rapport administratif, un constat d'huissier. De quoi sombrer dans le sommeil au bout de cinquante pages (ce que j'ai d'ailleurs fait plusieurs soirs de suite).

Bonne idée de départ, peut être (qui intéresse d'ailleurs les producteurs pour une adaptation sur grand écran), mais quelle frustration de la voir développée avec si peu de talent !

Sur un sujet très proche, je vous invite à lire toutes affaires cessantes le formidable roman dystopique de Dave Eggers, Le cercle, qui possède une puissance d'analyse et de projection dans l'avenir proprement ébouriffante... et terrifiante !

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