Les neiges du Kilimanjaro

suivi de Dix indiens

Ernest Hemingway

Folio

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Le pitch

.. ils commencèrent à prendre de l'altitude en direction de l'Est, semblait-il ; après quoi, cela s'obscurcit et ils se trouvèrent en pleine tempête, la pluie tellement drue qu'on eût cru voler à travers une cascade, et puis ils en sortirent et Compie tourna la tête et sourit en montrant quelque chose du doigt et là, devant eux, tout ce qu'il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c'était le sommet carré du Kilimandjaro. Et alors il comprit que c'était là qu'il allait.

Mon avis

Ernest Hemingway et l'art de la nouvelle... on ne répétera jamais à quel point de perfection l'auteur américain a porté cet art, entre les deux grandes guerres.

Ce recueil de douze nouvelles en est la manifestation la plus éclatante : deux d'entre elles sont tout simplement inoubliables. Elles ont pour point commun de se dérouler toutes les deux en Afrique et de mettre en scène deux couples en plein safari de chasse.

La première, celle qui ouvre le recueil qui porte son nom, est pour moi une des plus belles de l'histoire de la littérature.

En 33 pages, Hemingway parvient à raconter la vie complète d'un homme en train de mourir d'une blessure stupide.

La manière dont l'homme, en brefs flash back, revit quelques instants inoubliables de son existence (celle de l'auteur, dont on retrouve partout les traces : Paris, l'Espagne,...), est tout simplement admirable. Quant à la fin de la nouvelle, d'une délicatesse et d'une économie de moyens stupéfiantes, elle est absolument bouleversante.

Beaucoup de superlatifs, me direz-vous, pour 33 pages... Certes, mais mon dithyrambe traduit à peine l'admiration que je porte à ce texte qui mérite, à lui tout seul, l'achat du recueil !

La seconde nouvelle - 45 pages, la plus longue du livre - est tout à l'opposé de la première. Ici, point de pensées, de sentiments, d'impressions, mais de l'action, comme dans un film à grand spectacle comme les américains aimaient bien à les tourner dans les années 50 et 60 en Afrique...

Dans L'heure triomphale de Francis Macomber, juste le récit d'une chasse au gros gibier, avec un trio de personnages : l'homme, la femme, et le chasseur professionnel qui les accompagne.

Pas de délicatesse : place à l'humour cruel d'Hemingway qui se déchaine pour ridiculiser son personnage principal. La chute, brutale et d'un cynisme total, est aussi inattendue que réussie.

Deux nouvelles, 80 pages : l'art de la nouvelle portée à son acmé. Allez-y, les yeux fermés !

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