Loin, à l’ouest
Harper Collins
Loin, à l’ouest
Harper Collins
Le pitch
C’est l’histoire de quatre mauvaises filles : Georges, prénommée ainsi pour qu’elle ait « une vie d’homme », l’une des premières à porter des pantalons ; Lucie, sa belle-fille, Résistante au cours de la Seconde Guerre mondiale ; Solange, sa petite-fille à la beauté singulière, qui vit l’époque de la libération sexuelle ; et son arrière-petite-fille, Octavie, qui enquête aujourd’hui sur les femmes de sa famille, leurs secrets et leurs mensonges.
C’est l’histoire de garçons manqués qui sont des femmes réussies, des héroïnes du quotidien qui ont su réinventer leurs vies. De la Commune à nos jours en passant par la période des yéyés, ces pionnières, à la fois ordinaires et exceptionnellement indépendantes, se débattent avec leurs rêves de liberté corsetés à chaque époque…
Mon avis
Parfois, à trop vouloir bien faire, on en fait trop, tout simplement.
C'est ce qui m'a semblé être le cas à la lecture de Loin à l'ouest, le dernier roman de Delphine Coulin (que je ne connaissais pas jusqu'alors).
Pourtant, pendant la première moitié de ce très épais roman (500 pages d'une extrême densité narrative), je me suis trouvé sous le charme de la forme et du fond de cette saga française.
Le fond, principalement, car Delphine Coulon est parvenue, avec beaucoup d'audace et de volonté à bâtir, à travers le destin de Georgette, la doyenne des femmes qui font toute la chair du roman, une sorte d'histoire de la naissance de l'émancipation féminine au XX° siècle.
Georgette, un personnage principal peu commun, haut en couleurs, dont la volonté hors du commun fait voler en éclat - à raison parfois, à tort souvent - les obstacles qu'elle rencontre.
La forme, c'est le parti pris, d'un extrême rarement rencontré dans ma longue vie de lecteur, d'écrire un roman (bourré de personnages) comme un récitatif.
Un récitatif, comme une scansion, un descriptif sans interruption : "Georgette fait ceci, Georgette fait cela", "La nuit, elle se sent seule", "Marguerite grimace".
Quasiment pas de dialogues, ou si peu que cela en devient anecdotique.
Le procédé a un grand avantage : il permet de raconter beaucoup, plus, encore plus. Delphine Coulin est l'historienne de cette famille de femmes.
Malheureusement, par la suite, lorsqu'arrive la seconde guerre mondiale, cela se gâte.
Sur le fond, l'auteure en fait vraiment trop car, à force d'ajouter des personnages, de situations, des rebondissements, elle finit par perdre un peu de vue ce qui faisait tout l'intérêt du roman, la condition féminine, pour tomber dans la dramaturgie d'un feuilleton mélodramatique qui manque de consistance.
Sur le fond, là aussi, à force d'abuser de son procédé narratif, elle finit par perdre le lecteur, agacé par les "Georgette fait ceci, Georgette fait cela" et par le manque d'épaisseur des personnages.
Résultat : un verdict comme j'en ai rarement rendu.
Le roman vaut vraiment le coup d'être lu, pendant 300 pages. Mais vous n'avez pas à vous sentir coupable si, ensuite, vous sentez l'ouvrage vous tomber des mains.
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