Mademoiselle J

Je ne me marierai jamais

Yves Sente & Laurent Verron

Dupuis

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Le pitch

En 1937, la fille du patron de la Compagnie Générale Transatlantique, Juliette, a 22 ans, son diplôme en poche, et s'apprête à tenter de devenir grand reporter. Son père, qui a entretemps fondé sa propre compagnie de cargos, se voit proposer par Gustave Noirhomme, son associé, une offre difficile à refuser : Herr Von Riblach, homme de confiance de Hitler concernant la marine civile, voudrait entrer dans le capital de la Compagnie des Cinq Océans.

Juliette, bien consciente des projets d'invasion des nazis, refuse tout net. Malgré les réticences machistes des rédacteurs en chef, Juliette n'abandonne pas son rêve de devenir grand reporter et le journal Horizon France lui donne l'occasion de montrer sa valeur en l'engageant comme stagiaire de Daniel Fraiser, journaliste aguerri mais particulièrement désagréable. Gustave Noirhomme, lui, est prêt à tout pour que Juliette cède ses parts aux nazis...

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Mademoiselle J

Mon avis

En décembre 2017 paraissait Il s'appelait Ptirou, d'Yves Sente et Laurent Verron, un spin off du héros groom copain de Fantasio et Spip.

Publié dans le cadre de la collection Le spirou de, il racontait, en quelque sorte, la naissance de Spirou : comment, en 1929, un petit gars orphelin aux cheveux en bataille roux comme un écureuil allait devenir, par la grâce d'un grand voyage sur un transatlantique à destination des Etats-Unis, un petit groom qui allait rencontrer un dessinateur (Rob-Vel, bien entendu) et, par là-même, l'immortalité sur papier.

Il s'appelait Ptirou était un one shot riche et ambitieux de 80 planches, absolument parfait (graphismes formidables et scénario malin comme tout !) au cours duquel le petit héros allait rencontrer Juliette de Sainteloi, une toute jeune fille malade, jolie, intelligente et pleine de culot.

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Mademoiselle J

Crayonné de la planche 56

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Et voilà qu'exactement trois ans plus tard, les deux auteurs publient un deuxième tome au format un peu plus resserré (64 planches), mais dont Ptirou a été complètement écarté, au profit de Juliette, devenue Mademoiselle J. et personnage principal !

Et les deux albums deviennent une série rebaptisée au nom de la donzelle (y compris, soit dit en passant, une réédition du premier tome éjectant le groom de la première marche du podium, un procédé un peu bizarre...).

L'action se déroule en 1938, neuf ans plus tard, et Juliette est devenue une femme, qui a décidé de faire carrière dans le journalisme. Le journalisme d'investigation.

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Mademoiselle J

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Le papa de Juliette est industriel, et comme on est en 37, les méchants nazis rodent, et Juliette va se retrouver à la croisée des chemins de la grande Histoire (avec un H majuscule).

Juliette a-t-elle le charisme et le caractère pour devenir l'héroïne d'une série ? Oui, sans le moindre doute, car la jeunette est absolument charmante et elle est dotée d'un caractère en acier trempée, à l'image des héroïnes hollywoodiennes des années 50.

L'album est à nouveau une réussite, avec des graphismes de Verron toujours au sommet, l'auteur trouvant un équilibre parfait entre un trait "à la BD belge" et une certaine dose de réalisme.

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Mademoiselle J

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Le scénario est dense et charpenté (Yves Sente n'est pas un perdreau de l'année, loin de là, on lui doit tout de même - par exemple - des albums de Blake et Mortimer et Thorgal) et il faut un bon moment de lecture pour achever l'histoire (j'aime bien les BD qui demandent du temps et de l'attention au lecteur !).

Par contre, la succession des évènements, dans un cadre sans doute un peu trop exploité ces dernières années (la montée du nazisme), est un peu trop prévisible (un brin enfantin, même) et le scénario n'atteint pas, de loin, le charme plein de surprises du premier volet de l'histoire de Mademoiselle J.

Pour résumer : un plaisir de lecture sans arrière-pensée, mais sans l'effet de surprise du premier volume.

NB : L'histoire se termine sur la publication du premier numéro du journal de Spirou; j'attend le troisième volume de la série, qui devrait se passer en 1946 et bien loin de la France avec une certaine impatience, pour voir si Yves Sente parvient à ajouter quelques grains de piment à son entreprise !

 

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