Morwenna

Jo Walton

Denoël / Folio SF

Partager sur :

Le pitch

Morwenna Phelps, qui préfère qu'on l'appelle Mori, est placée par son père dans l'école privée d'Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l'a laissée handicapée et l'a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.

Un jour, elle reçoit une photo où sa silhouette a été brûlée… Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa propre mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre.

Prix Nebula 2011 et Prix Hugo 2012.

Mon avis

Petite précision préalable importante  contrairement à ce que pourrait le laisser penser certains commentaires de lecteurs sur les réseaux, la publication dans la prestigieuse collection SF, mais aussi l'attribution des prestigieux prix Nebula et Hugo, Morwenna n'est pas un roman de SF.

Absolument pas. Je dirais même qu'il n'y a pas la moindre once de SF dans ce roman !

Toute la confusion vient du fait que Morwenna, l'héroïne de cet étrange bouquin, est une lectrice compulsive de romans de science-fiction.

Comme elle l'écrit elle-même (puisque le roman est présenté sous la forme d'un journal intime), elle lit au moins deux romans par jour. Pas que de la SF, mais énormément.

D'ailleurs, les pages de son journal sont littéralement remplies des titres des livres qu'elle dévore.

L'essentiel des grands titres du genre sur plusieurs dizaines d'années. J'ai pour ma part lu au moins 80 % des titres évoqués, mais ce choix refroidira définitivement tous les lecteurs qui ne sont pas fans de SF.

Mais revenons au genre, si je puis m'exprimer ainsi.

Qu'est donc Morwenna ? Un roman pour adolescente ? Un peu, car on retrouve, dans sa forme (le journal intime, le ton un peu mièvre) et dans une partie des thèmes développés (le passage à l'âge adulte, le premier amour, les désirs sexuels), beaucoup de cela.

Mais pas que, car la part fantastique du roman n'est pas négligeable; au contraire : c'est même son principal atout.

La relation de Morwenna avec sa mère, horrible sorcière patentée (c'est du moins ainsi que la perçoit la jeune fille, mais n'est-ce pas un artifice de sa pensée ? Là est une partie de l'intérêt ambigu du livre), sa perception d'un monde féérique qui l'environne (mais que seule elle peut voir; pour l'instant, car les fées qu'elle voie ne sont-elles pas tout simplement le symbole de sa pureté enfantine, destinée à disparaitre ?) : autant d'éléments fantastiques que l'on regrette énormément de ne pas voir plus développés tout au long du livre.

Résumons : Morwenna est le journal intime d'une jeune fille endeuillée par la mort de sa jumelle, chronique de son passage à l'âge adulte.

Roman beaucoup trop long, terriblement bavard, un peu fantastique, mais juste un peu, sans SF mais qui ne parle que de cela, au ton gentillet mais qui parle quand même de sexe...

Vous l'avez compris : cela part dans tous les sens et, même si certains thèmes ne manquent pas d'intérêt (l'attachement de Morwenna aux livres est le sujet le mieux développé et les passages "féériques" ne manquent pas de charme), le lecteur risque de lâcher la rampe en cours de chemin. Dommage.

Acheter sur Amazon

Du même auteur