Paddy Clarke Ha Ha Ha

Roddy Doyle

Robert Laffont

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Le pitch

Paddy Clarke, dix ans, raconte sa vie au jour le jour entre l'école, la maison et sa bande de copains. Il passe son temps à imaginer les coups les plus tordus possibles. La vie est une longue suite d'exploits, de défis et d'aventures vécus dans les chantiers des nouvelles maisons en construction, les boutiques de Barrytown ou les terrains vagues.

À la maison, Paddy perçoit les tensions entre ses parents. Il surprend des échanges qui l'inquiètent, anticipe les humeurs changeantes de son père, les silences de sa mère. Mais il oublie tout dès qu'il file rejoindre ses complices.

Dans la bande, il y a Kevin, le dur, les frères O'Connell, Liam et Aidan, dont la mère est morte et le père force sur la bouteille, et Ian McEvoy, le souffre-douleur. Paddy emmène son petit frère, qu'il appelle Sinbad, partout avec lui. Il le brutalise et l'adore tout à la fois.

Les sensations, les pensées et le langage de l'époque sont saisis avec justesse, dans une économie de moyens qui fait la force de l'histoire. Dans ce roman attachant, Paddy est à cheval entre enfance et adolescence, tendresse et cruauté, intelligence et stupidité, pour le meilleur et son contraire.

Mon avis

Man booker prize 1993.

Roddy Doyle est unanimement célébré dans le monde anglo-saxon (mais beaucoup moins en France), pour sa Trilogie de Barrytown, dont je parle abondamment ailleurs sur ce site (The commitments, The snapper, The van), mais avant tout pour Paddy Clarke Ha Ha Ha, souvenirs romancés de son enfance en Irlande dans les années 60.

Contrairement à ce que pourrait laisser penser ce titre très original, mais aussi la lecture hilarante de la trilogie évoquée plus haut, ce roman n'est pas drôle.

Je dirais même : pas drôle du tout, et je défis ceux qui y ont vu une aimable bluette sur l'enfance venir m'expliquer où ils ont ri.

Car ce récit, beaucoup trop long (Doyle est à l'aise dans le format court) est avant tout le récit assez terrible d'un gamin des quartiers populaires dont la vie tourne autour de sa famille (le couple formé par ses parents va se déliter tout au long de l'histoire), de l'école, et de ses amis.

Porté par la voix de Paddy, qui est le récitant, le lecteur plonge littéralement dans les pensées d'un enfant d'une dizaine d'années.

Pensées qui se traduisent par un flot ininterrompu d'anecdotes, de considérations qui, parfois, dévient, dérapent, sautent du coq-à-l'âne, tel que cela doit se passer réellement dans la tête d'un enfant.

Le procédé narratif est souvent assez déroutant, dérangeant même, mais d'un point de vue stylistique, c'est une expérience très riche et intéressante.

Cependant, j'avoue avoir eu du mal à tenir les 400 pages racontant la vie de ces garçons "des rues", particulièrement cruelle.

Ce ne sont que combats, défis, jeux cruels, vision très matérialiste de l'existence enfantine.

Un genre de vie qui parait, un demi-siècle plus tard, très daté.

Heureusement, il reste quelques plages d'humour et une tendresse qui transparaît, ça et là (pas assez !), notamment dans les rapports entre Paddy et son petit frère surnommé Simbad.

Roddy Doyle est un auteur irlandais essentiel, mais si vous n'avez encore jamais rien lu de lui, commencez par The commitments. C'est une oeuvre autrement accomplie.

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