Pavane

Keith Roberts

Le livre de poche

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Le pitch

L’Invincible Armada, lancée, en juillet 1588, à l’assaut de l’Angleterre hérétique par les forces catholiques, triomphe de la tempête et profite de l’assassinat de la grande Elisabeth. La papauté pavoise. L’Histoire a changé de cours.

Au XX° siècle, des locomotives à vapeur disputent les routes aux cavaliers ; les nouvelles sont transmises par des réseaux de sémaphores ; on chasse les sorcières, et les seigneurs féodaux appuient leurs révoltes de sciences impies comme l’électricité et la chimie.

Un classique de l’uchronie, salué par Anthony Burgess comme l’un des meilleurs romans britanniques

Mon avis

Si l'uchronie est depuis quelques années est un des genres à la mode de la SF, ce n'est pas sans raison, la première étant d'avoir généré une série de petits chefs-d'oeuvre qui ont d'ores et déjà marqué l'histoire de la littérature.

Pavane, de Keith Roberts, est un des premiers titres majeurs du genre. Publié en 1968, cinq ans après l'inoubliable Le maître du haut château de Philip K. Dick.

Pavane n'a jamais atteint la célébrité (méritée) de ce dernier et, pourtant, il se situe tout en haut de la spécialité, tant pour son inventivité que pour la qualité exceptionnelle de son style et de son atmosphère.

La raison principale de ce manque de considération vient, sans aucun doute, du fait que Pavane n'est pas, à proprement parlé, un roman, mais plutôt un recueil de nouvelles se déroulant dans le même univers uchronique et dont les thèmes et même certains personnages sont communs.

La lecture du pitch vous renseignera sur la "déviation évènementielle" à l'origine de la divergence dans l'histoire du monde.

Au XX° siècle, ce monde alternatif  n'a pas décollé de l'environnement de "nôtre" moyen-âge, le pouvoir spirituel (incarné par le pape catholique au Vatican) ayant pris le pas définitivement - apparemment - sur le pouvoir spirituel.

Un monde médiéval où quasiment tout évolution scientifique est impossible, bloquée.

Ce sont les conséquences de cet état de fait qui rendent, tout d'abord, le livre fascinant.

Seul surnage, sur le plan technologique, l'invention du train à vapeur... mais qui circule, non pas sur les rails, mais sur les routes.

Pas d'électricité, pas d'informatique, pas de téléphone. Et comme outil de communication à distance, ce moyen dérisoire qu'est le sémaphore.

C'est sur ces deux points d'accroche - le train sur roue et le sémaphore - que Keith Robert ancre son monde et le rend incroyablement crédible, réel.

Dans une langue constamment magnifique, bourrée de charme(s), l'auteur développe un univers étrange, poétique, presque magique, le temps de six nouvelles qui m'ont profondément touchées.

Avec l'avant-dernière, Corfe gate, la plus longue (80 pages) et la plus passionnante, Keith Roberts ouvre les champs du possible sur une évolution de ce monde étrange.

Et avec la dernière - Coda -, il laisse au lecteur les pistes d'une explication - quasi métaphysique - du comportement de l'église dans ce refus de l'évolution durant un millénaire.

Un livre vraiment étonnant, unique, à placer tout de suite dans la bibliothèque des titres à ne pas oublier !

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