Petit pays

Gaël Faye

Grasset / Le livre de poche

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Le pitch

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son «  petit pays  », le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire.

Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur... L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

Mon avis

Petit pays est un petit miracle littéraire, comme il y en a un ou deux par an dans notre vie de lecteur avide de nouveautés, de découvertes, de talents.

Parti de rien, si ce n'est du flair de la maison Grasset, le court roman du jeune Gaël Faye, auteur franco-rwandais, s'est installé doucement  dans le paysage français à la rentrée 2016 pour, au fil des semaines, des mois, devenir un phénomène d'édition.

Des centaines de milliers d'exemplaires vendus grâce au miracle du bouche à oreille, ce phénomène qui distingue, mieux que dans tout autre art, la renommée à une oeuvre qui sort de l'ordinaire.

Des prix qui comptent, dont celui du Goncourt des lycéens, qui est certainement celui qui se trompe le moins souvent.

Tout cela pour célébrer un véritable talent car - c'est ce qui frappe dès la lecture des premières pages de ce récit d'une enfance africaine paradoxalement heureuse, au milieu des tueries ethniques - Gaël Faye a la grâce. Ce petit je ne sais quoi qui rend la lecture d'un roman aussi fluide et agréable qu'un soir d'été avec des amis...

Impossible de ne pas être frappé par la qualité littéraire de certaines pages : la lettre d'un enfant à sa correspondante européenne, le développement syncopé (chapitre 14) d'une fête de quartier qui, peu à peu, explose sous le ciel étoilé de l'Afrique.

Les trois premiers quarts de roman ont la saveur des récits d'enfance heureux et innocents, au premier plan d'une toile de fond que le lecteur sait dramatique, mais que l'auteur n'impose jamais.

Dans cette capacité à restituer l'atmosphère innocente de l'enfance dans un contexte diffcile, j'ai pensé à plusieurs moments au superbe et un peu oublié Le champ de personne, de Daniel Picouly.

La dernière partie est forcement plus âpre, sans jamais  tomber dans l'horreur. La chute, elle, est bouleversante.

Un vrai coup de cœur, pour un déjà très grand auteur.

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