Sarah Bernhardt
Payot
Sarah Bernhardt
Payot
Le pitch
Elle collectionnait les amants et les bijoux. On l’appelait « la Divine ». Wilde était fou d’elle, Victor Hugo et Gustave Doré aussi. Freud et Carson McCullers l’admiraient. Cocteau inventa pour elle l’expression « monstre sacré ».
Actrice, peintre, sculptrice, Sarah Bernhardt (1844-1923) fut l’une des plus grandes artistes du XIXe et du début du XXe siècle. En s’appuyant sur des archives et des témoignages inédits, Claudette Joannis, spécialiste reconnue de Sarah Bernhardt, lui consacre un portrait intime et raconte la vie exigeante, le courage, les folies et les scandales de cette première star internationale.
Mon avis
Alors qu'on célèbre en 2023 le centenaire de la mort de Sarah Bernhardt, Payot en profite pour rendre accessible une biographie de la grande actrice publiée dans un premier temps il y a vingt ans.
Bien que Claudette Joannis s'en défende dans son introduction, c'est en effet bien une biographie qu'elle nous invite à lire, même si l'essai est organisé autour des grandes thématiques qu'on s'attend à évoquer quand on parle de "La divine".
Bizarrement, tout le monde croit un peu connaître le personnage et sa carrière, mais même pour les amateurs de théâtre (dont je fais partie), la plupart des informations qui circulent sur elle sont en fait imprecises ou inexactes.
L'exemple le plus flagrant ? La légende qu'elle ait du se faire amputer dans les dernières années de sa vie et porter une jambe de bois; car si elle a bien dû se faire couper la jambe à cause de terribles douleurs provoquées par de vieilles blessures, elle refusera toujours de se faire équiper et vivra les dernières années de sa vie assise dans une chaise à porteur !
En fait, l'essentiel de ce que l'on retient d'elle (y compris Claudette Joannis, qui le cite comme source d'inspiration !) vient surtout de l'album éponyme de Lucky Luke de Fauche & Léturgie publié il y a (déjà) 40 ans, qui raconte avec beaucoup de verve et sans beaucoup d'exagération les tournées réalisées par l'actrice à travers les Etats-Unis durant une grande partie de sa carrière, pays où elle était une véritable star...
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Le Sarah Bernhardt de Lucky Luke !
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Pour en revenir à la biographie de Claudette Joannis, elle porte les qualités d'un excellent travail de documentation (beaucoup de détails et de notes de bas de page).
J'ai particulièrement apprécié les nombreuses précisions apportées sur le contexte du théâtre français de l'époque (1860-1910), considérablement différent de celui des époques suivantes.
Comme l'explique fort bien l'auteur, Sarah Bernhardt était le fruit d'un goût (le théâtre historique), d'un type de mise en scène qui anticipait ce qu'allait apporter le cinéma quelques décennies plus tard (vastes moyens, vastes décors) et d'un art déclamatoire qui parait aujourd'hui terriblement daté.
A propos de ce dernier point, je vous invite à effectuer une petite recherche sur internet. Vous y trouverez certainement un des rares enregistrements de la diva, au début de XIX° siècle.
Vous serez sans doute sidéré, comme je l'ai été, par les effets absolument ridicules portés par cette voix empathique, déclamée, mélodramatique, impossible à écouter de nos jours. Comme quoi, les goûts évoluent !
Claudette Joannis montre bien également à quel point Sarah Bernhardt fut sans doute la première vedette médiatique, une star avant l'heure, préfigurant les vedettes de cinéma du XX° siècle.
Une réserve cependant, pour finir : loin d'être d'une une hagiographie, l'essai m'a semblé cependant manqué singulièrement de recul par rapport au personnage, en accordant une bienveillance trop marquée (ou une place trop limitée) à ses nombreux et importants défauts.
Quand on aime, on ne compte pas, mais on peut nuancer...
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