Le pitch

Publier le roman-fleuve de Margaret Mitchell était déjà une gageure, mais faire d'Autant en emporte le vent un film était une pure folie. Des centaines de décors, de costumes et d'acteurs pour un film d'une longueur invraisemblable : un défi qui aurait pu ruiner David O. Selznick, son producteur mégalomane, bien décidé à réussir "le plus grand film de tous les temps".

Par-delà les tractations cocasses et les imprévus en tous genres, une question centrale s'invite au coeur des débats qui agitent les États-Unis : qui pour incarner Scarlett ?

Mon avis

Pour les amateurs d'exofiction, Scarlett, c'est un petit plaisir coupable.

En 300 pages (très) aérées, François-Guillaume Lorrain réécrit de manière réaliste l'histoire de la naissance d'Autant en emporte le vent, le film adapté du roman de Margareth Mitchell et produit par David O. Selznick.

Si vous aimez le roman, mais aussi le film (difficile de ne pas être fascinés par les deux !), et que vous n'avez jamais rien lu sur la création et la réalisation du film, je vous conseille de découvrir le bouquin de F.G. Lorrain.

Avec une certaine virtuosité, il fait revivre dans une multitude de chapitres ultra courts (en général, de deux à quatre pages) les différentes étapes qui conduiront au choix des acteurs, des réalisateurs (il y en aura deux), puis à la réalisation du film.

C'est un exercice qui privilégie complètement les dialogues, des scènes si simplifiées qu'elles ressemblent à certains de ces documentaires historiques télévisés bourrés de scènes "reconstituées".

Facile à lire (cela relève du bouquin de plage) et plutôt plaisant, le roman satisfera ceux que ces oeuvres fascinent, sans en savoir plus.

Par contre, si vous êtes - comme je le suis - un fan hardcore du roman de M. Mitchell et du film produit par Selznick, passez votre chemin, car le livre est beaucoup trop léger sur le fond !

Un bon tiers du livre se concentre exclusivement sur la recherche de l'actrice qui incarnera à l'écran. C'est amusant cinq minutes, mais c'est essentiellement de la tambouille de production, sans grand intérêt.

Par contre, le travail de production et de réalisation du film lui même est présenté trop rapidement (concernant le tournage même, c'est carrément bâclé, cantonné à quelques dizaines de pages à la fin du livre).

Le personnage de David O. Selznick est réduit à pas grand chose, alors que sa personnalité, complexe et fascinante, fait tout l'intérêt de l'histoire.

Lisez plutôt l'extraordinaire livre intitulé Mes mémos (dont je parle par ailleurs sur le site), où sont compilés une partie des notes du producteur, un génie maniaque.

Il vous en apprendra bien plus sur le film que le roman de François-Guillaume Lorrain !

Léger, léger... pas désagréable, mais vraiment trop léger.