Tortilla flat

John Steinbeck

Folio

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Le pitch

«- Je vais tout te raconter. J'ai acheté deux gallons de vin et je les ai apportés ici dans le bois, puis je suis allé me promener avec Arabella Gross. J'avais acheté pour elle, à Monterey, une paire de pantalons de soie. Elle les a beaucoup aimés, si roses, si doux. Et puis, je lui ai aussi acheté une petite bouteille de whisky. Un peu plus tard, elle a rencontré des soldats et elle est partie avec eux.

- Oh ! la détrousseuse de l'honnête homme !»

Mon avis

La lecture de Tortilla Flat a bercé mon enfance, par son humour, son esprit et sa vision décalée du bonheur. Depuis, je relis parfois ce court roman, juste pour y retrouver l'ambiance et le goût de mon enfance.

Tortillat Flat est le troisième roman de John Steinbeck publié en 1935, alors qu'il aborde juste la trentaine et la grande période de création littéraire de sa vie.

Le roman est une sorte d'hommage drolatique (mais aussi parfois dramatique) aux hommes du peuple qui vivent en Californie, à Monterey, ces "paysanos" aussi pauvres que job mais qui se suffisent à eux-mêmes, dans un mode de vie totalement décalé par rapport à celui de l'américain moyen.

Steinbeck, dans sa jeunesse et sa traversée de la grand crise économique américaine, a connu la pauvreté, la débrouillardise et cette vie au ras du sol.

A la lecture des premiers chapitres du livre, écrit exactement comme une fable, le lecteur peut, par ignorance, penser que Steinbeck se moque de ses personnages.

Ces hommes n'ont, en effet, que trois objectifs dans la vie : se remplir la panse (nourriture et vin), fréquenter les femmes de (mauvaise) vie, et puis... ne rien foutre de la sainte journée !

Mais, très vite, on comprend que ces petits récits qui tracent peu à peu la trajectoire de cette petite troupe momentanément "riche" d'un toit sous lequel où dormir, sont juste l'occasion de rendre hommage à une philosophie de la vie qui nous est totalement étrangère, inconnue et - probablement - incompréhensible.

La manière dont le grand auteur américain décortique les pensées de ces personnages, axées sur un seul objectif : justifier leur alcoolisme, leur paresse et leur luxure, est souvent hilarante.

Quelle capacité fabuleuse ces pauvres gens sans éducation - mais non dépourvu d'intelligence ! - ont à ratiociner pendant des heures pour justifier leur comportement souvent... injustifiable, et atteindre finalement leurs objectifs !

Toute cette histoire n'est pas très édifiante au regard de la loi moderne des hommes, mais elle déroule cependant une morale qui vaut ce qu'elle vaut mais qui mérite d'être méditée : la richesse des hommes n'est pas celle de la possession, mais celle de l'amitié.

La fin de l'histoire n'est pas gaie, elle est même déprimante, mais c'est pour cela que le roman est inoubliable.

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