Trust

Hernan Diaz

Editions de l'Olivier

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Le pitch

Wall Street traverse l’une des pires crises de son histoire. Nous sommes dans les années 1930, la Grande Dépression frappe l’Amérique de plein fouet. Un homme, néanmoins, a su faire fortune là où tous se sont effondrés. Héritier d’une famille d’industriels devenu magnat de la finance, il est l’époux aimant d’une fille d’aristocrates. Ils forment un couple que la haute société new-yorkaise rêve de côtoyer, mais préfèrent vivre à l’écart et se consacrer, lui à ses affaires, elle à sa maison et à ses oeuvres de bienfaisance.

Tout semble si parfait chez les heureux du monde… Pourtant, le vernis s’écaille, et le lecteur est pris dans un jeu de piste. Et si cette illustre figure n’était qu’une fiction ? Et si derrière les légendes américaines se cachaient d’autres destinées plus sombres et plus mystérieuses ?

Mon avis

Trust : jolie couverture graphique, et surtout joli titre pour un récit qui a obtenu en 2023 le prestigieux prix Pulitzer.

Car, si le mot, en langage quasi universel, renvoi au capitalisme, sujet (trop) évident du roman d'Hernan Diaz, il a également une double signification, toute autre, en anglais.

Car Trust, pour nos amis anglo-saxons, c'est aussi le vocable correspondant à "confiance" en français.

Et la confiance, c'est tout le sujet viscéral du roman. Et c'est ce qui le rend assez unique.

Je vais bien faire attention à vous en dire un minimum sur le contenu du bouquin, car tout le plaisir du lecteur viendra, tout au au long des 400 pages, de sa faculté à se laisser mener par le bout du nez par un auteur qui, brique après brique, va ébranler sa confiance dans ce qu'on lui raconte.

Histoire (et critique induit) du capitalisme, donc, au travers du roman écrit par Harold Vanner qui, au cours des  130 premières pages du livre, raconte l'histoire de Benjamin Rask, le plus grand tycoon financier du XX° siècle.

Un remarquable, mais surtout un épouvantable personnage, unique en son genre.

L'histoire pourrait s'arrêter là, mais commence alors un deuxième livre, une courte autobiographie non achevée d'Andrew Bevel qui raconte comment il est devenu le plus grand tycoon du XX° siècle.

Cela ressemble beaucoup à celle de Benjamin Rask, mais avec des différences fondamentales puisque Bevel est, ici, un personnage formidable. Qui, de Rask ou de Bevel, - quel que soit le nom qu'on lui donne -, raconte la vérité ?

Cela se complique encore lorsqu'on entame le troisième livre, qui va mettre en abime les deux premiers.

En attendant le dernier, qui ravalera les trois premiers au rang de conte pour adultes...

Vous avez tout compris ? Non ? Alors c'est parfait, car l'objectif est de vous donner envie de lire ce roman qui remporte haut la main la palme de la construction la plus originale du moment.

Trust m'a fasciné, par son propos (comment critiquer le capitalisme libéral, ou peut-être pas, à vous de voir...) mais surtout par le jeu intellectuel qu'Hernan Diaz propose au lecteur.

Précipitez-vous sur ce petit bijou, nom d'une obligation d'état !

   

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