A livre ouvert

William Boyd

Seuil / Points

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Le pitch

Né d'une mère uruguayenne et d'un père anglais, l'écrivain et critique Logan Mountstuart (1906-1991), héros du huitième roman de William Boyd, est, à en croire son géniteur, un curieux personnage dont la réussite a consisté à se trouver là où il le fallait quand il le fallait durant la majeure partie du XXe siècle. Collégien précoce, dévoré d'ambition à Oxford, il connaît le succès littéraire à vingt-cinq ans, troque son aristocrate d'épouse contre le vrai grand amour.

Dès lors, sa vie prend des allures de montagnes russes : la guerre civile en Espagne, le conflit mondial dans les renseignements sous la houlette de Ian Fleming, la prison pour espionnage en Suisse, les milieux d'art new-yorkais, les tragédies familiales, la déchéance, la pauvreté, l'oubli, avant la fin presque paisible dans le sud de la France.

Les bonheurs simples comme les chagrins ravageurs, les multiples rencontres, de Hemingway à Picasso, du duc de Winsor et sa redoutable duchesse à la non moins vengeresse Virginia Woolf, toute cette vie exubérante, LMS nous la livre par le truchement de ses carnets intimes rédigés pendant sept décennies.

Une fausse autobiographie ? Un journal fictif ? Plutôt un roman magnifique de vraisemblance où l'auteur prête sa voix à son héros avec virtuosité de ventriloque et se plaît à mêler la réalité et l'invention , pour le plus grand plaisir du lecteur.

Mon avis

Surtout, surtout, prenez la peine d'aller au delà de la couverture vraiment très laide de A lire ouvert !

Ce serait particulièrement dommage de passer à côté de ce qui restera, je pense, comme le meilleur roman de William Boyd avec Les nouvelles confessions, et sans aucun doute un des grands livres du début du millénaire (publication : 2002).

William Boyd a toujours été attiré par le concept du livre-vie.

Livre-vie, cela signifie : un livre qui raconte la vie d'un personnage, de sa naissance à sa mort.

Les nouvelles confessions, il y a trente ans, jouait déjà cette partition (merveilleusement), Le vies rêvées d'Amaury Clay, récemment, de même (beaucoup moins subtilement).

Dans A livre ouvert, l'exercice est quasi parfait.

Imaginez l'autobiographie d'un homme à la personnalité aux multiples facettes, Mountstuart (quel magnifique patronyme so british !), dont l'existence a traversé quasiment l'intégralité du XX° siècle.

Une autobiographie constituée - au delà d'une brève introduction - d'extraits des carnets rédigés au cours de sa longue existence (le sous-titre du roman est d'ailleurs : Les carnets intimes de Logan Mountstuart), présentés dans un ordre purement chronologiques.

Carnets de l'école, carnets d'Oxford, carnets londoniens,de la première guerre mondiale, d'après guerre, de New York...

Par une série de sauts de puce dans le temps, le lecteur avance avec Mountstuart à travers les décennies.

Focus sur une scène, une période, puis travelling avant jusqu'à la prochaine scène...

Procédé a priori assez classique, mais que Boyd maîtrise ici avec la technique et la maturité d'un auteur chevronné (et particulièrement doué).

L'oeuvre est absolument passionnante, souvent émouvante, car le personnage principal se lance vraiment "à livre ouvert", sans rien cacher de ses faiblesses, ses défauts.

Un personnage par ailleurs fascinant, à la vie intellectuelle extraordinaire.

L'occasion de croiser tant d'artistes, de personnages célèbres... Tout cela sur la toile de fond époustouflante, belle et tellement cruelle, du XX° siècle.

Je ne peux traduire mieux mon attachement à ce livre qu'en vous livrant mon secret : si je ne devais emporter qu'une (grosse) valise de livres sur une île déserte, A livre ouvert serait sans doute dans mes bagages...

Lisez et partagez, mes amis !

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