Blast

T1. Grasse carcasse

Manu Larcenet

Dargaud

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Le pitch

Je pèse lourd. Des tonnes. Alliage écrasant de lard et d'espoirs défaits, je bute sur chaque pierre du chemin. Je tombe et me relève, et tombe encore.

Je pèse lourd, ancré au sol, écrasé de pesanteur. Atlas aberrant, je traîne le monde derrière moi.

Je pèse lourd. Pire qu'un cheval de trait. Pire qu'un char d'assaut. Je pèse lourd et pourtant, parfois, je vole.

Mon avis

BLAST est un OVNI qui plane dans le ciel de la BD française depuis 2009, un roman graphique hors norme, 800 planches en quatre volumes sur six ans. Une somme.

On la doit à Manu Larcenet, le dessinateur à succès de la série Le retour à la terre (scénario de Ferri) puis, en tant qu'auteur complet, de la formidable série Le combat ordinaire.

Blast - Grasse carcasse

Un Larcenet dont le style, très reconnaissable, petits personnages très crobardés, avec des planches aux toutes petites cases et aux couleurs vives, est ici complètement modifié.

Explosé, devrais-je dire, car BLAST, ce sont des planches avec de grandes cases (parfois un dessin unique), en noir et blanc, à l'aquarelle.

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Blast - Grasse carcasse

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Le dessin est la plupart du temps très réaliste, mais avec des effets impressionnistes dès que l'auteur s'attache à peindre la nature.

Le style Larcenet, disparu ? Presque. Seul point étrangement commun avec le passé : les nez, souvent démesurés, de ses personnages, qui leur confèrent parfois, jusqu'à l'absurde, le profil d'un oiseau !

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Blast - Grasse carcasse

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"Mais alors, l'histoire ?" me demandez-vous, impatient d'en savoir plus.

L'histoire ? Un homme, énorme, une masse de chair, est en garde à vue. Deux flics l'interrogent sans relâche, car il apparait qu'il a agressé une femme (qui va d'ailleurs mourir durant l'interrogatoire).

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Blast - Grasse carcasse

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Commencent alors des allers et retours entre la salle d'interrogatoire et des scènes du passé, qui narrent par le détail le chemin parcouru par Polza Mancini pour en arriver là (procédé narratif, c'est à souligner, parfaitement identique à celui utilisé dans la saison 1 de la série True détective).

On rentre dans cette histoire comme on s'immerge peu à peu dans une mare d'eau glacée, à la nuit tombante. Pétrifié par le propos, terrible, le lecteur ne peut cependant s'empêcher de tourner la page, car c'est un exercice littéraire brillant.

À lire à tout prix, mais à éviter absolument par les âmes sensibles, car le contenu de ce roman graphique peut choquer profondément ! (suite de la critique : voir le tome 2)

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