Cassandra Darke
Denoël graphic
Cassandra Darke
Denoël graphic
Le pitch
Cassandra Darke, Londonienne pur jus, vieille teigne misanthrope, mauvaise coucheuse en surcharge pondérale, n'est pas sans rappeler le célèbre Scrooge de Dickens. Elle ne pense qu'à elle-même et aux moyens de préserver le confort dont elle jouit dans sa maison de Chelsea à 8 millions de livres.
La galerie d'art moderne de son défunt mari a été le théâtre de fraudes qui l'ont mise en délicatesse avec la justice et au ban de son milieu. Mais Cassandra s'accorde le pardon, au prétexte qu' "à côté de tous ces meurtriers récidivistes, on se sentirait presque comme Blanche-Neige" . Ses fautes n'impliquent "ni violence, ni arme, ni cadavre". Hélas, dans son sous-sol, une ex-locataire, la jeune et naïve Nicki, a laissé une surprise qui pourrait bien s'accompagner de violence et d'au moins un cadavre...
Affinant encore sa virtuosité unique, entre roman et bande dessinée, Posy Simmonds poursuit la fresque de l'Angleterre moderne entreprise dans ses livres précédents et donne sa vision au scalpel du Londres brutal et fascinant d'aujourd'hui, "entre paillettes et galères" . Son coeur, comme toujours, penche pour les chiens perdus, mais le portrait qu'elle trace de Cassandra, cette femme trop riche à l'hiver de sa vie, est vibrant d'empathie. Pur plaisir. Pur Posy.
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Mon avis
J'adore Posy Simmonds.
Tout d'abord, parce que l'auteure, honorée récemment par le grand prix du festival d'Angoulême, a la bouille sympa et délurée d'une femme de 78 ans qui a gardé son esprit d'enfant.
Une sorte de lutin au nez en l'air. Air mutin.
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Et puis, parce qu'elle a inventé une forme de roman graphique qui ne ressemble à aucune autre, et qui correspond sans doute le mieux à la définition de "roman graphique".
Un mixte de texte conséquent proche de celui d'un roman, et de graphiques "à la marge", dessins qui illustrent le texte ou le complètent.
Le mixte est variable suivant les pages, parfois le texte l'emporte largement
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et parfois, c'est le contraire, l'image prime sur le verbe.*
Et enfin, j'adore Posy Simmonds parce qu'elle est l'auteure de deux albums absolument fabuleux, aux héroïnes inoubliables : Gemma Bovary et Tamara Drewe.
Deux récits tellement riches d'images et de promesses qu'ils ont tous les deux été formidablement adapté au cinéma, avec une actrice commune, la grande Gemma Arterton.
Mais je dois aussi dire que, d'une certaine façon, je déteste Posy Simmonds... car elle publie très, très peu. Trop peu !
Aussi me suis-je jeté avec la gourmandise d'un aficionados frustré sur son dernier bébé, Cassandra Darke.
Changement de décor.
Pas d'héroïne jeune et sexy.
Une vieille. Grosse et pas vraiment sympa.
Très désagréable, en fait. Et malhonnête.
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Quant à l'intrigue, elle n'a rien à voir la subtilité des titres des romans évoqués plus haut.
Là, on est sur du polar. Londonien, certes, mais du polar.
On retrouve toute la causticité habituelle du propos de l'auteure, qui tape fort sur le monde l'art contemporain.
Mais le charme absolu de ses grands titres n'est pas au rendez-vous.
Quant à la complexité de l'intrigue... Posy Simmonds n'est pas une professionnel du roman policier.
Vous pouvez vous pencher sur cet album au format rare (carré de chez carré) à l'édition soigné, et vous prendrez sans doute du plaisir à sa lecture, grâce à ses graphismes soignés, immédiatement reconnaissables, ainsi qu'à l'ironie mordante du propos.
Mais pour les fans de l'auteure, c'est une petite déception. Toute relative, mais quand on a Posy Simmonds écrit sur la couverture, on attends le meilleur !
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