Chéri

Colette

Le livre de poche

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Le pitch

Malgré une différence d'âge entre eux, Léa de Lonval est la maîtresse de Fred Peloux, surnommé Chéri. Léa ressent les moindres effets d'une passion qu'elle pense être la dernière.

Il suffira à Chéri d'épouser la jeune Edmée pour comprendre que la rupture avec Léa ne va pas sans regrets. Peinture narquoise d'un certain milieu demi-mondain.

Mon avis

En refermant ce court roman de Colette, publié il y a exactement un siècle, je n'ai pu m'empêcher de penser que le temps est parfois cruel.

Cruel pour les femmes (et les hommes), dont la beauté se fane inexorablement (c'est le message du dernier quart - très beau et touchant - du roman), tout autant que la plupart des histoires d'amour.

Cruel aussi pour certains livres qui, les années passant, se mettent à dater.

Contexte, style, vocabulaire et expressions : comme pour certaines coupes de cheveux, certains vêtements, certains modes de vie, leur aspect démodé saute parfois cruellement aux yeux.

Imaginez vous, aujourd'hui, croiser dans la rue une femme en corset et crinoline, ou un homme en frac et haut de forme, portant d'énormes favoris ? Cela vous sauterait aux yeux.

C'est malheureusement cette impression que j'ai ressenti tout au long de cette fable quasi autobiographique où une femme, à l'approche de la cinquantaine, réalise que son amour pour un homme de 25 ans de moins qu'elle, avec qui elle vit une histoire depuis six ans, est dans une impasse.

Chéri est beau, sculptural même, il adore Léa, au point de remettre en question son mariage avec une jeune femme de son âge mais, cruellement, la lumière du jour lui jette à la figure cette terrible réalité : Léa est en train de devenir vieille et il doit laisser la vie l'emporter loin de lui...

Joli message, joliment porté par la plume élégante, pleine de charme et d'esprit, de Colette, qui n'a pas son pareil pour restituer les ambiances, les lumières, les parfums, les couleurs.

Mais le contexte du roman (des femmes de la très grande bourgeoisie vivant, rentières, totalement désœuvrées, dans leur hôtel particulier de Neuilly, entretiennent de jeunes gigolos qui ont 30, 40, voire 50 ans de moins qu'elles) est terriblement daté.

Même chose pour le vocabulaire et les expressions des très abondants dialogues : précieux, datés, surannés même, ils m'ont agacé constamment par leur mièvrerie.

Chéri n'est pas un mauvais roman, loin de là, et je vous invite à le découvrir, comme un témoignage d'une époque largement révolue, un message sur le temps qui passe.

Je sais que je vais en choquer certain(e)s, mais soyons franc : n'en attendez pas plus car, si le fond est intéressant, l'emballage sent un peu la naphtaline !

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