Julie de Carneilhan

Colette

Folio

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Le pitch

Un studio dans un quartier populeux et commerçant, des meubles disparates dont certains de prix, une garde-robe nagère belle qui réclame impérieusement des soins attentifs pour masquer son usure tout dit que la maîtresse du logis a connu de meilleurs jours; pourtant on aurait tort de croire que ses revers de fortune l'ont abattue -la comtesse Julie de Cameilhan est de cette race solide qui ne plie devant rien, peut-être même pas devant l'âge.

Qui lui donnerait les quarante-cinq ans qu'elle avoue orgueilleusement ? Il y a cependant un défaut dans la cuirasse de cette belle amazone. Est-elle jamais guérie d'avoir aimé le comte Herbert d'Espivant, son second mari remarié depuis trois ans déjà avec la riche Marianne ?

Mon avis

70 ans après sa mort, en 1954, peut-on encore considérer Colette comme une auteure importante ?

J'avoue - moi, lecteur découvrant plus que tardivement son oeuvre - que mon premier contact avec sa prose m'avait un peu déçu.

En lisant Chéri (voir ma critique sur le site), un de ses romans les plus connus, j'avais certes apprécié son style, précieux, minutieux, incisif, mais comme le contexte et les dialogues avaient vieilli !

Heureusement, avec Julie de Carneilhan, j'aborde un autre rivage, sans doute moins connu, mais à mon avis bien supérieur.

Cette Julie de Carneilhan est, avant tout, un très beau portrait de femme, complexe, aussi exaspérant qu'ambivalent, parfois touchant.

A 45 ans (le début de la vieillesse pour une femme, en 1941, date  à laquelle le récit a été écrit) Julie est encore magnifique.

Sa beauté l'a porté, toute sa vie, mais ne l'a pas empêché de prendre les écueils en pleine face, avec deux divorces, et elle vit désormais dans un studio, quasiment sans ressource.

Partagé entre ses relations éphémères avec des hommes beaucoup plus jeunes qu'elle et le souvenir brûlant de son amour toujours vivace pour et avec Hubert, son deuxième mari, un aristocrate qui vit sur et grâce aux femmes fortunées, elle hésite, temporise, prête à tout du moment que cela lui permet de vivre intensément.

Portrait d'une femme née, on l'a compris, à la fin du XIX° siècle, Julie de Carneilhan est porté par la prose virtuose de Colette qui pétille, piétine, joue avec ses personnages, tantôt avec bienveillance, tantôt avec cruauté, sous-entendant les choses et les sentiments plutôt qu'en les exprimant.

C'est un court roman spirituel, intelligent, qui m'a fait penser, par moment à Sacha Guitry.

Colette et Guitry, même combat ? Sans doute un peu : celui de l'amour complexe du sexe opposé.

180 pages lus d'une traite. En sortant le nez de Julie de Carneilhan, je n'avais qu'une envie : poursuivre ma découverte de Colette.

 

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