Le choix de Sophie

William Styron

Gallimard / Folio

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Le pitch

A Brooklyn, en 1947, Stingo, jeune écrivain venu du Sud, rencontre Sophie, jeune catholique polonaise rescapée des camps de la mort.

A la relation de la rencontre du jeune homme avec l'amour, se superposent la narration du martyre de Sophie, l'évocation de l'univers concentrationnaire et de l'holocauste nazi.

Les deux veines, autobiographique et historique, irriguent en profondeur ce roman et fusionnent en une émouvante parabole sur l'omniprésence du Mal, symbolisé par l'horreur nazie, mais aussi par l'esclavage et le racisme brutal ou larvé de la société américaine, l'intolérance à tous les degrés, la férocité de la lutte de l'homme pour la vie ou la survie la plus élémentaire.

Mon avis

Lorsque Le choix de Sophie est sorti dans les librairies, en 1979, il a immédiatement rencontré un immense succès, tant critique que commercial.

Bien plus : le roman de William Styron a acquis le statut instantané de classique de la littérature mondiale.

Près de quarante ans plus tard, personne ne cherchera à le contester.

Une preuve parmi d'autres ? Aujourd'hui, qui ne connait pas, et n'a jamais utilisé, l'expression "c'est un choix de Sophie" pour décrire le choix entre deux solutions aussi insupportables, mauvaises l'une que l'autre ?

Grâce au film dont il a été tiré (et qui, lui aussi, a remporté un succès phénoménal, notamment grâce à la composition époustouflante de Merry Streep?), même ceux qui n'ont pas lu le livre de Styron connaissent cette histoire terrible.

Celle d'une femme à qui, pendant la seconde guerre mondiale,  dans un camp de concentration, les nazis demandent de faire un choix impossible, le choix de maintenir en vie un, et seulement un, de ses deux enfants, condamnant de facto l'autre à la mort immédiate.

Pourtant, le roman mérite bien mieux que cette reconnaissance liée à un événement, car Le choix de Sophie est un formidable livre.

Formidable, de par sa mise en perspective des drames de la seconde guerre mondiale, de son interrogation sur les raisons qui ont poussé tant d'allemands à participer à l'holocauste (son approche est étonnamment voisine de celle de Robert Merle dans La mort est mon métier), des mécanismes du racisme et de l'asservissement (il ne faut pas oublier que Styron fut l'auteur, quelques années plus tôt, des Confessions de Nat Turner, un remarquable roman sur le racisme qui remporta le prix Pulitzer).

Formidable, aussi - cela est beaucoup moins connu-, pour les autres thèmes développés dans la partie contemporaine et américaine du roman, qui en constitue la majeure partie.

Car attention, cher lecteur, chère lectrice sensible qui déjà frissonne en lisant ces lignes, ce roman n'est pas un essai douloureux sur l'horreur du nazisme !

Styron - c'est là tout son génie - en a fait une histoire complexe, bien que tout à fait accessible, passionnante, contemporaine, sensuelle et parfois drôle !

L'histoire d'une formidable résilience, celle de Sophie.

L'histoire d'un amour, celui de Nathan et Sophie. Et l'histoire d'un passage à l'âge adulte, celle de Stingo, le narrateur.

Un roman de l'apprentissage.

Mais aussi un roman de la sensualité, car ce roman de mort est aussi celui de la vie, Styron parvient à donner un aspect franchement sensuel, presque sexuel, à la partie principale de l'oeuvre.

C'est cette superposition de thèmes, de points de vue, ce brassage qui emportent le lecteur dans un récit dense, mais très facile à lire. Des sujets formidablement sérieux, accessibles à tous.

C'est cela la marque des chefs-d'oeuvre.

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