Une dernière chose avant de partir

Jonathan Tropper

Fleuve Noir / 10/18

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Le pitch

Drew Silver n’a pas toujours fait les bons choix. Sa gloire éphémère de batteur dans un groupe de rock – qu’un seul et unique tube a propulsé brièvement aux sommets des charts – remonte à près de dix ans.

Aujourd’hui, il vit au Versailles, une résidence qui accueille des divorcés un peu paumés, comme lui. Pour gagner sa vie, il a intégré un orchestre spécialisé dans les cérémonies de mariages. Son ex-femme, Denise, est sur le point de se remarier. Et Casey, sa fille qui s’apprête à intégrer Princeton, vient de lui confier qu’elle est enceinte – et ce uniquement parce que de ses deux parents, Silver est celui qu’elle répugne le moins à décevoir.

Lorsqu’il apprend que sa vie ne tient plus qu’à un fil et que seule une opération peut le sauver, Silver prend une décision radicale : il refuse l’intervention. Le peu de temps qui lui reste à vivre, il veut le consacrer à renouer avec Casey, à devenir un homme meilleur.

Pendant que, sous le regard de sa famille au comble de l’exaspération, Silver bataille ferme avec cette question existentielle, chacun se démène pour recoller les morceaux de cette famille désunie, au risque de l’abîmer davantage encore…

 

Mon avis

A la fin d'un sprint effréné qu'il lui a fait écrire quatre romans - et quatre succès ! - en quatre ans, entre 2004 et 2008, Jonathan Tropper, l'auteur bienheureux du livre de Joe, conclut sa course par Une dernière chose avant de partir, en 2012.

Si l'on retrouve tous les thèmes chers à l'auteur dans cette comédie douce-amère (la famille, la filiation, la difficulté de vieillir, la mort) et sa manière unique de mélanger les sujets les plus sérieux - voire sinistres ! - avec les rebondissements les plus scabreux et les scènes de comédie pure, souvent hilarantes, il faut bien avouer que, pour un fan de l'auteur (j'en suis un), ce cinquième roman est de loin le moins réussi.

Pourquoi ? Sans doute à cause d'un changement de point de vue narratif.

Pour la première fois, ce n'est pas le héros qui raconte l'histoire, on est passé au récit indirect.

Tropper y est clairement moins à l'aise, et il se prive de ce qui faisait une bonne partie du sel de ses précédents romans, les remarques et réflexions de son personnage principal, source de douces rigolades.

Mais le récit pêche surtout par un manque de renouvellement de son inspiration.

Tout ce qu'il écrit et exprime ici, il l'a déjà fait auparavant; en mieux.

Le manque de conviction est manifeste, l'effort plus visible, les ficelles apparaissent un peu. Oh ! Rien de catastrophique, car Jonathan Tropper est un auteur brillant, mais tout de même...

La première partie de l'histoire (plus courte que d'habitude, d'ailleurs) manque singulièrement de rythme.

Heureusement, le dernier tiers du roman renouera avec l'émotion que Tropper sait mettre en toute chose, y compris les plus tristes et les plus sérieuses, et rien que pour cela, je pense que le livre mérite le détour, même s'il s'agit cette fois-ci plus d'un feel good book qu'une oeuvre littéraire à part entière.

Jonathan Tropper a dû ressentir cette panne d'inspiration car, après ce récit, il a mis de côté sa carrière littéraire, pour se concentrer bizarrement sur la scénarisation d'une série télévisée dont l'univers est à cent mille lieues de celui de ses romans.

A juste raison : Banshee, série incroyablement violente et sexuelle en trois saisons, est une des grandes réussites de ces dernières années en la matière.

Espérons qu'il nous reviendra bientôt avec en tête de nouvelles histoires à coucher sur le papier !

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