Dernières nouvelles

Jim Harrison

Flammarion/J'ai lu

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Le pitch

Dans ces trois nouvelles posthumes de Jim Harrison, on retrouve tous les thèmes chers à l'auteur.

Avec Les oeufs, il se glisse dans la peau d'une fermière isolée du Montana, pourtant bien résolue à avoir un enfant. Le-Chien est la dernière aventure de son héros favori Chien Brun, qui se revendique de sang-mêlé, force de la nature, hypersexuel et insolent.

L'Affaire des Bouddhas hurleurs met en scène l'ancien inspecteur Sunderson. Vieux sage au goût immodéré pour la pêche, la chasse, l'alcool et les jolies femmes, Sunderson ne résiste pas aux avances d'une jeune fille délurée... La fin tragique du double littéraire de Jim Harrison sonne comme les adieux d'un maître au sommet de son art.

Mon avis

Dernières nouvelles ? Une affirmation certes bien calibrée pour attirer l'amateur impénitent de ce bon vieux Jim Harrison, mort en 2016, mais cette affirmation est-elle juste ?

Impossible de le dire, car rien, a priori, ne permet de les "tracer" chronologiquement; et peut-être en reste-t-il dans les tiroirs ou dans une malle... Disons que ce sont les dernières jusqu'au prochain recueil posthume !

Moyennant quoi, le style et les thèmes des trois nouvelles présentes dans ce volume sont représentatives des dernières œuvres du grand auteur américain. Et question qualité, le lecteur n'est pas trompé sur la marchandise : c'est du bon !

En fait, pour être précis, le recueil est très hétérogène, car il comporte trois nouvelles, les deux premières étant longues et excellentes, la troisième nettement plus courte et assez dispensable. Passons les en revue :

Les œufs et Le chien sont deux très longues novellas, comme disent les américains. On peut même parler de courts romans : 120 pages pour la premières, 135 pour la seconde.

Les oeufs a pour personnage principal une femme, Catherine, Le chien un homme, Chien brun, le "héros" récurrent de Jim Harrison.

Deux trajectoires d'êtres qui vivent plus ou moins bien leur rapport avec la civilisation. Deux récits qui parlent avant tout - comme quasiment toujours chez Harrison -  des rapports de l'homme avec la nature.

Catherine n'apprécie que modérément la compagnie des hommes, ce qui l'intéresse avant tout, ce sont les chiens et la terre. Et si elle cherche un homme, c'est juste un géniteur.

Chien brun recherche plus le contact avec ses semblables, mais surtout les femmes car, ce qui l'intéresse avant tout, c'est le sexe.

Quoique... en vieillissant, il se rend compte que travailler un minimum, juste pour boire et aller pêcher, cela risque d'être un peu juste, et que s'assurer la présence d'une femme pour le reste de sa vie, ce n'est peut-être pas une mauvaise idée.

Je n'en dirais pas plus : les deux textes sont superbes, chaque phrase est un petit bijou; c'est drôle à la manière d'Harrison - décapant ! - , un peu misanthrope, toujours surprenant. Rien à jeter : le meilleur d'Harrison dans ses dernières années.

L'affaire des bouddhas hurleurs, la nouvelle de 50 pages qui clôt le recueil, n'a selon moi aucun intérêt; elle est même assez désagréable, mettant en avant tout ce qui gène chez Harrison. A la place des ayants-droit de l'auteur, je l'aurait laissé dans son tiroir.

Mais sautez sur l'occasion de retrouver une dernière fois (dernière ?) le vieux barde : cela en vaut largement le coup !

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