Les hirondelles de Kaboul

Yasmina Khadra

Julliard/Pocket

Partager sur :

Le pitch

Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects.

Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri.

Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...

Mon avis

Pour ceux qui ne le saurait pas déjà, Yasmina Khadra n'est pas un femme, mais bien le pseudonyme de l'étonnant auteur algérien Mohammed Moulessehoul, certainement un des auteurs majeurs du Maghreb contemporain.

Paradoxalement, j'ai découvert cet auteur par le biais de Dieu n’habite pas la Havane un roman à l'ambiance chaude et syncopé se déroulant, comme son nom l'indique, à Cuba !

Autant dire qu'avec Les hirondelles de Kaboul, je suis tombé de haut.

Foin de chaleur passionnelle et de musique dans ce très court roman (150 pages, mais d'une grande densité) qui se déroule, vous l'avez compris, en Afghanistan.

Ici, c'est l'horreur du passage des russes, puis des talibans sur le pays qui est décrite. Froidement.

L'impact de la répression totale, du musellement des lèvres et des sentiments qui, au quotidien, détruit la vie sociale mais aussi - c'est là le plus atroce - la vie personnelle.

Négation de la femme, qui n'est plus rien, que l'homme peut choisir puis répudier comme n'importe quel objet. Négation du couple, car pour qu'il y ait couple,il faut qu'il y ait échange, et intimité.

Khadra, dans un style sobre - à l'opposé de celui utilisé pour son livre cubain, suit deux couples, quatre personnages principaux qui finissent de tomber.

Usés par ce qu'ils vivent depuis des années, ils ne sont plus grand chose, même si, parfois,une aspiration, une velléité de se rebeller, de fuir ce cauchemar, les secoue un instant.

C'est un livre profondément désespéré qui n'épargne jamais le lecteur.

Jusqu'à la fin, jusqu'à la dernière ligne, Khadra enfonce le clou du pessimisme dans l'être humain.

Yasmina Khadra est un magnifique auteur mais, ici, j'avoue ne pas avoir adhéré à sa démarche niant volontairement toute confiance en l'homme.

La part d'humanité est ici réduite quasiment à zéro, et cette vision du monde ne me convient pas, car elle ne correspond pas à la réalité.

Même dans les pires moments de l'histoire humaine, la qualité individuelle de certains hommes et femmes a pu s'exprimer.

Le résultat est que, faute d'empathie, le lecteur ne s'implique pas autant que dans , par exemple, sur un sujet  étonnamment proche, Les cerfs-volant de Kaboul, de Khaled Hosseini. Les images y sont tout aussi atroces, mais le message sur l'homme est tout autre; le lecteur rit, pleure.

Un roman à lire, certes, pour apprendre, mais pas plus.

 

Acheter sur Amazon

Du même auteur