Le pitch

Paris, août 1945 : le maréchal Pétain, ex-chef de l’État français, assiste, muré dans le silence, à son procès. Nuremberg, novembre 1945 : vingt et un dignitaires du IIIe Reich prennent place sur le banc des accusés. Jérusalem, avril 1961 : Adolf Eichmann répond devant un tribunal israélien de sa participation à la Solution finale.

Envoyé spécial de France-Soir, Joseph Kessel met ici son talent exceptionnel d’homme de lettres au service d’un récit dramatique où la justice rencontre l’histoire.

Mon avis

Joseph Kessel restera dans l'histoire de la littérature comme un immense auteur qui a su nourrir ses romans de toute la matière récoltée au fil de ses voyages au long cours.

Mais au delà de son œuvre romanesque, il ne faut surtout pas oublier qu'il était aussi et avant tout un journaliste dans l'âme, un grand reporter.

Explorer le monde, rencontrer les gens, découvrir les civilisations, témoigner, rendre compte des sujets les plus importants, tels étaient ses missions, et il les a accomplies jusqu'à la fin de son existence. Et ça, il ne faudra jamais l'oublier.

Il faut donc remercier chaleureusement les éditions Taillandier d'avoir décidé de regrouper, dans une série de recueils de sa jolie collection Texto, toute une série de grands reportages effectués par Kessel pour de grands journaux. Ces reportages sont regroupés par thème, et c'est celui consacré aux grands procès d'après-guerre qui a attiré mon regard en premier.

270 pages, et trois procès majeurs couverts par Kessel pour France-Soir (qui était alors, je le rappelle pour les plus jeunes, le premier quotidien français, tirant à plus d'un million d'exemplaires chaque jour).

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Le procès de Nuremberg

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Le procès du maréchal Pétain et celui de Nuremberg, qui se sont déroulés juste après la fin de la guerre, en 1945; et celui du grand exécuteur de la solution finale, Eichmann, qui n'a pu survenir qu'en 1961, une fois que les services secrets israéliens ont pu retrouver et enlever le nazi, qui s'était réfugié en Amérique du sud.

Les trois comptes-rendus, rédigés au jour le jour, sont aussi passionnants, fascinants et émouvants les uns que les autres car l'auteur de L'armée des ombres a su mettre sa plume formidable au service du témoignage.

Le témoignage d'un homme qui a combattu la dictature fasciste dans la résistance et qui maintenant rend compte, pour l'histoire, de la confrontation de ces hommes monstrueux devant l'Histoire (avec un grand H).

Kessel écoute, essaie de comprendre, d'analyser, d'expliquer pourquoi pas, mais ce qui est totalement fascinant est la manière qu'il a de regarder, et de raconter ce qu'il a vu.

Les regards, les attitudes, les crispations, les aveux et les réactions psychologiques révélées par d'imperceptibles mouvements des hommes jugés.

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Eichmann durant son procès

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Au delà de ce témoignage, c'est certainement le procès d'Eichmann qui marque le plus, car Kessel démonte, découvre peu à peu la démarche cognitive qui a permis à un homme comme des millions d'autres, de devenir un monstre à nul autre pareil.

Cette démonstration est absolument terrifiante, car elle révèle que cela peut se reproduire un jour.

Un livre exceptionnel, bourré d'émotions retenues et de révélations pour ceux qui - comme quasiment nous tous - n'ont pas vécu la seconde guerre mondiale. Pour ne pas oublier.