La dernière ville sur terre

Thomas Mullen

Rivages/Noir

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Le pitch

Durant l’épidémie de grippe espagnole, une petite ville industrielle située au cœur des forêts brumeuses du Nord-Ouest Pacifique décide de se mettre en quarantaine, mais l’arrivée d’un soldat affamé et malade aura des répercussions terribles sur la communauté.

Mon avis

La dernière ville sur terre est le premier roman de Thomas Mullen.

Publié aux Etats-Unis en 2007, il ne sort que quinze ans plus tard en France, après que le succès ait consacré l'auteur, à l'aune de sa magnifique trilogie Darktown, dont je parle par ailleurs sur ce site.

Paradoxalement, le sujet de ce très important roman (560 pages en format broché) n'aura jamais été plus d'actualité qu'avec cet important décalage de publication.

Car le sujet terrible de La dernière ville sur terre, c'est avant tout une pandémie, celle de la grippe espagnole qui a touché les Etats-Unis (comme le reste du globe) en 1917/1918, en pleine première mondiale.

Pour ceux qui ont vécu l'épidémie de Covid en 2020/2021, le récit est donc absolument bourré de résonnances avec une récente actualité, sans que cela soit jamais gênant pour le lecteur, antériorité du récit oblige.

Thomas Mullen a pu démontrer, ces dernières années, la force de ses intrigues, la puissance de son style, ainsi que sa capacité a créer, sur la durée d'un long roman, des personnages complexes, avec leurs qualités, leurs défauts, mais aussi leurs traumas.

Chez Mullen, les héros agissent sous l'influence de leurs croyances, de leurs réflexions, mais sont aussi souvent pilotés par leur inconscient : c'est particulièrement vrai dans ce premier roman, sidérant de maturité littéraire et psychologique, où l'auteur fait entrer le lecteur littéralement dans la tête des personnages principaux.

Ce qui est fascinant, dans cette histoire d'une communauté américaine retirée du monde qui va, circonstances extérieures obligent, être obligé de le réintégrer, c'est la multitudes d'approches  utilisés par l'auteur.

La dernière ville, c'est le roman d'une pandémie. Mais c'est aussi le roman d'une guerre mondiale. Tout autant que le roman d'une communauté autarcique qui subit l'assaut d'un monde extérieur traumatisé par les fléaux, ou que le récit de destins brisés qui se rejoignent pour lutter contre la misère du monde.

C'est aussi, avant tout, un grand livre sur la résilience, qui en décontenancera sans doute quelques uns par  son rythme, lent et piégeux comme le débit d'un ruisseau traversant la campagne au printemps.

Entrées multiples, lectures à différents niveaux : le livre est suffisamment riche pour satisfaire tout type de lecteurs.

Un roman très impressionnant, à n'en pas douter.

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