La femme de l’aviateur

Melanie Benjamin

Michel Lafon/Le livre de poche

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Le pitch

Lorsque la jeune et timide Anne Spencer Morrow fait la connaissance du célèbre aviateur Charles Lindbergh, dont toutes les femmes rêvent, elle n’imagine pas une seconde pouvoir le séduire. C’est pourtant elle qu’il choisit le jour même pour l’accompagner dans un mystérieux vol de nuit. Un vol décisif. Car non seulement le héros la demande en mariage, mais elle devient bientôt une aviatrice confirmée, doublée d’une exploratrice. Avec son mari, en effet, elle défriche des terres vierges dans les cinq continents pour ouvrir des voies aériennes.

Cette belle aventure a cependant ses revers : Anne est aussi une épouse blessée, et une mère meurtrie par l’enlèvement de son premier bébé, qui élève avec courage et amour ses cinq autres enfants.

Féministe et écrivaine reconnue, sensible mais solide à travers les épreuves, Anne Morrow Lindbergh s’est battue pour affirmer son existence de femme libre.

Mon avis

Melanie Benjamin s'est fait remarquer dès 2016 avec Les cygnes de la V° avenue, délicieux roman proche de l'exofiction - ce style littéraire très à la mode où l'auteur s’appuie sur un être célère ayant existé, pour en faire le personnage principal de son récit - narrant les grandes années New-yorkaises de Truman Capote.

Deux ans plus tard, elle récidivait avec un autre récit - et autant de talent ! - proche de l'exofiction, Hollywood Boulevard, mettant en scène Mary Pickford, la petite fiancée de l'Amérique.

Deux romans impossibles à ne pas remarquer, tant le style de Melanie Benjamin - frais, léger, subtil - et sa manière unique de mêler faits réels et extrapolations littéraires emportaient l'édhésion du lecteur.

Avec La femme de l'aviateur, l'auteure américaine est également dans l'exofiction, et son sujet principal est le célébrissime Charles Lindbergh... et sa femme Anne.

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Anne et Charles Lindbergh

Anne et Charles Lindbergh, du temps de leur splendeur

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Mais ce roman est antérieure aux deux précédents, puisqu'il date de 2013. Ma grande question, en entamant sa lecture, était : en a-t-il la qualité, et en a-t-il le charme ?

Plus de 500 pages plus loin, je dois bien admettre que, si l'on retrouve dans ce récit cruel d'une femme à la vie en partie oblitérée par la célébrité, mais surtout la personnalité détestable de son mari, tout ce qui faisait la qualité littéraire des écrits évoqués plus haut, il en manque le charme et la légèreté.

En fait, tout ce qu'on peut reprocher à Melanie Benjamin, c'est d'avoir raté son objectif.

Je pense qu'elle voulait rendre hommage à une femme exceptionnelle, aventurière, auteure, mère d'exception (oui, la mère du bébé Lindbergh, enlevé et tué au vue de l'opinion américaine horrifiée !) dont les mérites n'ont pas été suffisamment retenus par l'histoire.

Mais l'entreprise est en partie ratée, car le récit est cannibalisé par le Héros (avec un grand H), l'Homme, Charles Lindbergh, qui était un personnage absolument antipathique, doté de tous les défauts de la terre.

Égoïste, menteur, infidèle, sans cœur, antisémite : le portrait qu'en dresse en creux Mélanie Benjamin est absolument sidérant !

Face à ce psychopathe, difficile de comprendre pourquoi sa femme (même profondément amoureuse du bel aventurier) n'a jamais pris la tangente et a acceptée d'être traitée - et je ne parle même pas de ses enfants ! - pendant des décennies comme une copilote et un utérus...

Alors, j'avoue avoir parcouru les 550 pages (le roman est trop long, il aurait fallu en retrancher une bonne centaine de pages) avec un malaise diffus, qui augmentait au fur et à mesure que j'avançais dans le récit, au point de gâcher en partie mon plaisir.

Un bon livre, certes. Mais un sujet difficile...

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