La nuit de Lisbonne

Erich Maria Remarque

Le livre de poche

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Le pitch

Lisbonne, 1942. Un homme erre sur les quais du port devant le paquebot qui part le lendemain vers les États-Unis. Il est émigré allemand, il n’a ni argent ni visa et ne sait comment rejoindre le monde libre. Un inconnu l’aborde et lui propose un étrange marché : en échange de passeports et de billets pour New-York, il devra écouter son histoire, le récit de sa fuite d’Allemagne, de son exil en France, de sa passion pour une femme…

Publié pour la première fois en 1962, La Nuit de Lisbonne est à la fois une poignante histoire d’amour et un témoignage intemporel sur la condition des réfugiés et sur l’importance de conserver la trace de la destinée de chaque être humain.

Mon avis

Pour un auteur, comment survivre à un chef-d'œuvre ?

C'est la question que je me suis posé en achetant La nuit de Lisbonne, roman tardif d'Erich Maria Remarque, l'auteur de l'immortel A l'ouest rien de nouveau, à mon avis un des plus remarquables romans sur la première guerre mondiale.

Après quelques heures de lecture austère, je dois bien admettre que la survie est possible, car ce récit, chronique terrible d'un couple en pleine seconde guerre mondiale, est d'une qualité confondante.

Pourtant, son pouvoir d'attraction n'opère pas immédiatement car Remarque, sans aucune concession à la facilité, installe son roman lentement, méthodiquement.

Près d'une centaine de pages où, mené par un style d'une classicisme impeccable, on progresse lentement, tant l'atmosphère est pesante.

Atmosphère crépusculaire. La Lisbonne de 1942, celle de tout un peuple de réfugiés européens fuyant les atrocités du nazisme.

Le procédé de narration - le seul élément un peu daté du roman - est celui d'un homme racontant son histoire à un un autre homme.

Composition nécessitant plusieurs chapitres d'installation qui pourront décourager certains lecteurs manquant de maturité et qui constitue la seule faiblesse du livre.

Et pourtant... poussez votre curiosité, avancez sur le chemin : peu à peu, c'est un double récit  fascinant qui se déploie !

D'une part, l’histoire universelle et intemporelle des hommes et des femmes fuyant une menace. Peur, souffrance, angoisses, déchirements... impossible de ne pas ployer sous la charge terrible retranscrite par Remarque.

Mais c'est le sujet le plus intense du roman qui restera, sans doute, dans la mémoire émotionnelle du lecteur : l'amour, la passion d'un couple qui se déploie telle une fleur merveilleuse au fil des pages, sur le terreau toxique de l'adversité.

La seconde partie du livre gagne peu à peu en puissance, en émotion.

La fin est à la hauteur de l’intention : terrible !

Un classique, à n'en pas douter.

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