Le diable et Sherlock Holmes

David Grann

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Le pitch

La folle cavale d'un vieux braqueur de banque, la disparition étrange d'un fanatique de Sherlock Holmes, l'infiltration d'un gang de détenus ou encore la traque d'un imposteur, voici rassemblées les meilleures enquêtes criminelles de David Grann. Il y endosse tour à tour et avec une virtuosité sans égale les habits de l'historien, du détective ou de l'auteur de romans policiers, jusqu'à effacer, en bon prestidigitateur, la frontière qui sépare la fiction de la réalité.

Élémentaire mon cher Grann !

Mon avis

Comment couler un bon bouquin en le survendant ? C'est un exercice très facile à réaliser pour un éditeur : la preuve.

Le diable et Sherlock Holmes est un recueil de douze nouvelles, ou plutôt de longs articles journalistiques écrits par David Grann. En dehors du premier texte, il n'y a dans ces plus de 500 pages strictement aucun rapport avec Sherlock Holmes.

Comme 80 % des lecteurs vont acheter le volume en confiance sur le nom de Sherlock Holmes (les lecteurs holmésiens sont souvent des monomaniaques), 80 % des acheteurs ont une forte probabilité d'être mécontents de leur acquisition, même si le bouquin est très intéressant par ailleurs.

C'est exactement ce qui se passe avec ce livre : les critiques sur les réseaux sociaux sont catastrophiques, les commentaires jouant sur cette notion de trahison, alors que, ma foi, ce recueil mérite toute ma - et votre - considération !

Il faut dire que, de mon côté, l'acquisition ne s'est pas faite sur le nom magique du célèbre détective (quoique...) mais plutôt sur celui de l'auteur, que je connaissais grâce à la lecture de sa plus célèbre enquête, La note américaine, un récit passionnant concernant les indiens d'Amérique (voir ma critique par ailleurs).

12 enquêtes journalistiques, donc, car David Gann n'est pas un romancier, mais un pur journaliste (travaillant au New Yorker).

Des enquêtes au long cours (une quarantaine de pages en moyenne), sur les sujets les plus divers. A vrai dire, peu de rapport entre les récits, même si une majorité d'entre eux à un lien avec les crimes et délits de notre temps.

Si votre esprit curieux se délecte des enquêtes journalistiques à la Albert Londres, si courantes aux Etats-Unis, s'il vous arrive de lire avec intérêt le magasine Society, qui est le principal support français proche de cette littérature, alors vous prendrez un vrai plaisir à lire le résultat du travail de David Grann qui, mine de rien, possède une sacré bonne plume de conteur.

Rigueur des informations, écriture serrée : l'homme ne lâche pas le lecteur et rend hommage au nouveau journalisme, Tom Wolfe et Truman Capote approuveraient sans doute.

En passant de l'histoire passionnante des hommes qui risquent leur vie pour alimenter en eau la ville de New York (et qui m'a fait immédiatement penser au superbe roman de Thomas Kelly Le ventre de New York) jusqu'aux pages narrant la passion d'un cinglé pourchassant les calmars géants, il y en a pour tous les goûts, même si le niveau d'intérêt est forcement inégal d'un texte à l'autre.

Un recueil parfait pour une lecture fragmentée, dans les transports en commun ou dans le train.

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