Le mage du Kremlin

Giuliano da Empoli

Gallimard

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Le pitch

On l'appelait le "mage du Kremlin". L'énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d'émissions de télé-réalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine, dit le Tsar. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu'à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre...

Ce récit nous plonge au coeur du pouvoir russe, où courtisans et oligarques se livrent une guerre de tous les instants. Et où Vadim, devenu le principal spin doctor du régime, transforme un pays entier en un théâtre politique, où il n'est d'autre réalité que l'accomplissement des souhaits du Tsar. Mais Vadim n'est pas un ambitieux comme les autres : entraîné dans les arcanes de plus en plus sombres du système qu'il a contribué à construire, ce poète égaré parmi les loups fera tout pour s'en sortir.

De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, en passant par les Jeux olympiques de Sotchi, Le mage du Kremlin est le grand roman de la Russie contemporaine. Dévoilant les dessous de l'ère Poutine, il offre une sublime méditation sur le pouvoir.

Mon avis

Il n'est pas toujours facile de s'attaquer à un best seller, plusieurs mois après sa sortie. Un roman si lu, si commenté, si contesté ou porté aux nues.

C'est ce que je viens de faire avec Le mage du kremlin, plus d'un an après sa sortie, Grand prix du roman de l'Académie française et près d'un demi-million d'exemplaires vendus.

Un résultat ahurissant pour le premier roman d'un essayiste et conseiller politique italo-suisse (qui écrit en français), parfaitement inconnu du grand public jusque là, un triomphe probablement en grande partie porté par l'actualité de la guerre en Ukraine.

Près de 300 pages denses plus loin, je n'ai plus le moindre doute : pour une fois, le roman qui a rencontré cet énorme succès le méritait largement !

Je vois au moins trois raisons d'apprécier ce récit fascinant.

La première, sans doute celle dont on a le moins parlé, c'est la qualité littéraire indéniable de l'oeuvre.

Le mage du Kremlin est vraiment très bien écrit. Un style simple, dense, des phrases débarrassées de toute facilité, de tout adjectif et adverbe inutile.

Comme tous les grands stylistes, Giuliano da Empoli écrit magnifiquement, tout en donnant l'impression que c'est facile.

La seconde, c'est l'analyse que délivre l'auteur de l'histoire de la Russie contemporaine, celle qui a été débarrassée du communisme il y a trente ans et qui s'est retrouvé embarrassée du poutinisme quelques années plus tard.

Contrairement à ce que de nombreux commentateurs ont cru bon reprocher au livre, Le mage du Kremlin n'est, en aucune façon, une glorification du personnage Poutine, ou une justification de l'invasion de l'Ukraine.

Au contraire  : da Empoli ne justifie pas, il explique pourquoi et comment tout cela est arrivé. C'est clair et étonnant.

La troisième, c'est la réflexion sociologique que porte Giuliano da Empoli sur l'histoire du pouvoir politique, et sur son avenir.

Je ne vous en dirais pas plus, mais il faudra que vous lisiez l'avant-dernier chapitre du livre, ce chapitre 30 où l'auteur se risque à une projection qui glace le sang, tant elle parait, pour l'instant, pertinente.

Un grand roman qui signe, je l'espère, la naissance d'un grand écrivain.

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