Little big man

Thomas Berger

Gallmeister

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Le pitch

Je m’appelle Jack Crabb. J’ai cent onze ans ; j’ai vécu la moitié de ma vie chez les Blancs et l’autre parmi les Indiens cheyennes. J’ai été pionnier, éclaireur, as de la gâchette, chasseur de bisons. J’ai aussi été prospecteur, joueur professionnel et tricheur, polygame et soldat. J’ai côtoyé Wyatt Earp, Buffalo Bill et le général Custer, ainsi que pas mal de braves et de chefs de différentes tribus.

Je suis le seul survivant de la bataille de Little Bighorn et le dernier témoin de la conquête de l’Ouest, qui ressemble à tout ce que vous voulez, sauf à ce qu’on vous montre au cinéma. Avant de perdre la mémoire, je vais vous raconter ma vie.

Mon avis

Vous connaissez certainement le film Little big man. Forcement, si vous êtes un brin cinéphile.

Mais je suis persuadé que, comme moi, vous n'aviez jusqu'à ce jour jamais entendu parler du roman dont est tiré le chef-d'œuvre d'Arthur Penn. Normal : aucun éditeur ne s'est donné la peine de le mettre vraiment en avant.

C'est désormais chose faite, car aux éditions Gallmeister, que je tiens une fois de plus à saluer pour sa capacité à faire vivre - ou revivre - de grands romans américains de ce côté-ci de l'Atlantique.

Et c'est un bonheur, car le roman d'une vie de Thomas Berger est tout simplement exceptionnel !

Quand j'utilise l'expression "roman d'une vie", c'est à double titre.

Le premier, c'est que - comme de nombreux auteurs - Thomas Berger a été littéralement submergé par le succès de son roman, mais surtout de son adaptation au cinéma avec Dustin Hoffman. Une célébrité qui a dévoré sa vie d'auteur, au point qu'il a fini, trente ans plus tard, par en écrire une suite.

Le second, c'est parce que l'énorme pavé (plus de 700 pages serrées) raconte vraiment la vie d'un homme. 700 pages pour décrite le destin de Jack Crabb, de sa naissance jusqu'à sa mort. Non, je plaisante : jusqu'à ses 34 ans !

Paradoxe : Jack Crabb a vécu 111 ans lorsqu'il entame le récit de son existence, mais il achèvera son autobiographie alors qu'il est encore un jeune homme.

Mais quelle vie ! Little big man est un récit à la première personne, tout autant drolatique que dramatique.

Drolatique, car le narrateur ne manque pas d'humour, de finesse, avec un sens de l'observation et un bon sens exceptionnels.

Dramatique, car sa vie est tout simplement un drame shakespearien, depuis sa plus tendre enfance où il se fait capturer par une tribu cheyenne après que ses parents aient été massacrés sous ses yeux, jusqu'à la fin de son récit, où il décrit très longuement le massacre (à rebours) des soldats de l'armée américaine - avec à sa tête le général Custer - par une coalition de tribus indiennes à Little big horn.

Son éducation par les indiens est fascinante et je n'ai pu m'empêcher de penser qu'elle a du inspirer Philipp Meyer pour son grand roman Le fils.

La description de la terrible bataille de Little big horn est probablement inspirée, a contrario, par le très beau récit d'Ernest Haycox, Des clairons dans l'après-midi.

Entre les deux, une multitude d'aventures, de rencontres de grandes figures de l'histoire américaine, de passages incessants entre les deux civilisations qui partagent son existence.

Pour son malheur, Jack Crabb est un américain blanc qui ne peut être totalement assimilé et heureux dans une civilisation indienne traditionnelle, tout autant qu'un adulte dont l'enfance cheyenne l'empêche d'être totalement assimilé et heureux dans une civilisation aglo-saxonne.

Little big man n'est pas vraiment un roman à vocation documentaire, mais la documentation récoltée par l'auteur pour décrire le monde indien (modes de vie, mais aussi et surtout état d'esprit) est ahurissante, certainement unique dans la littérature américaine.

J'ai plus appris sur la civilisation des natifs américains en un seul roman que dans toute ma vie de lecteur !

Par contre, c'est bien un roman historique qui, malgré ses facilités et ses raccourcis narratifs nécessaires pour rendre cohérent l'intrigue, décrit avec beaucoup de justesse la transition des Etats-Unis d'un statut de pays hétérogène "en devenir", en 1850, à celle de pays fonçant vers la modernité, en 1875.

Entre les deux : la course vers la frontière, les guerres indiennes, la guerre de sécession, la ruée vers l'or.

Roman formidable et unique au style simple, efficace, sans aucun effet de style, Little big man est à placer sur une étagère de votre bibliothèque idéale.

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