Mémoires authentiques

Les mémoires authentiques de Vidocq

Eugène François Vidocq

Archipoche

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Le pitch

Fils d'un boulanger d'Arras, Vidocq (1775-1857) est tour à tour délinquant, soldat, déserteur, bandit et forçat. Évadé du bagne, il trahit le " milieu " en échange d'une amnistie et se fait engager comme agent secret dans la police, c'est-à-dire comme mouchard. Son zèle y fait merveille. Audacieux, séducteur, machiavélique, il ne recule devant aucun danger.

Placé en 1812 à la tête de la brigade de Sûreté, il invente la police judiciaire. Mais ses méthodes sont crapuleuses, ses agents sans scrupules, ses ennemis nombreux et sa fortune suspecte. De scandales en réhabilitations, d'arrestations en procès à grand spectacle, il survit pourtant à tous les régimes et crée la première agence de détectives privés de l'Histoire. Son rôle équivoque, en 1848, lui sera fatal : le Second Empire l'ignore, son destin rocambolesque prend fin. Sa légende, elle, ne fait que commencer.

Le succès de ses Mémoires, en octobre 1828, avait été considérable, et son prestige d'autant plus grand auprès des Balzac, Hugo ou Dumas. Mais Vidocq crie à la falsification. Les volumes suivants ne passent même pas entre ses mains et sont truffés d'inventions. Sans compter les récits fantaisistes qui envahissent les librairies !

Cet ouvrage est la reprise du texte original rédigé par Vidocq, sans les ajouts apocryphes. Un document présenté et annoté par Roger Martin, qui offre une immersion saisissante dans le monde du crime au début du XIXe siècle.

Mon avis

C'est bien tardivement (ok, je ne suis pas de la première jeunesse !) que je me suis lancé dans les mémoires de Vidocq, alors que j'aurais pu le faire depuis longtemps (des décennies !) tant son adaptation en série avec Claude Brasseur avait marqué mon enfance.

Voici donc une édition "au plus près de la vérité".

C'est ce que certifie l'éditeur, mais aussi Roger Martin, auteur de la préface. Une indication importante, tant ces Mémoires ont été, au cours du XIX° siècle, modifiées, augmentées, fabulées, par une succession d'auteurs sans scrupule.

Alors, que vaut cette autobiographie qui court de la naissance de Vidocq, en 1775, jusqu'en 1827 (il vivra, chose étonnante pour un homme qui a eu une vie aussi dangereuse, jusqu'en 1857, à l'âge canonique de 82 ans) ?

Eh bien, ami(e) lecteur(trice), ce fut pour moi une immense déception !

Vidocq n'est pas un écrivain professionnel, c'est un fait. Encore aurait-il fallu qu'il soit au moins un conteur capable de prendre un peu de recul par rapport à sa vie.

Or, il n'en est rien. Les Mémoires de Vidocq ne sont qu'une enfilade interminable (sur 300 pages serrées) d'anecdotes présentées dans un ordre chronologique dont l'auteur ne déviera jamais.

Une succession de : "J'ai fait ci, et alors ensuite il m'est arrivé ça, puis j'ai répondu que..."

Pas une seule ligne sur ses sentiments, ses pensées, pas plus que sur le cadre historique (alors qu'il traverse la révolution, l'empire, la restauration,...), pas un instant où Vidocq pose la plume un instant pour mettre en perspective les péripéties de sa vie !

L'exacte première moitié du livre fait défiler les (innombrables) incidents de sa vie de délinquant. La seconde raconte sa vie une fois l'homme passé de l'autre côté de la barrière, alors qu'il travaille pour la  police.

Cette dernière est un peu plus réussie que la première, mais tout est relatif : qui aura envie de lire aujourd'hui les notes basiques d'un homme doté d'un égocentrisme absolument monstrueux, qui ne parle que de lui, pour se féliciter de son intelligence et de sa capacité à tromper son entourage ? Eh bien, pas moi !

Le seul aspect fascinant de ce récit est qu'il fut une source d'inspiration essentielle pour au moins trois des plus grands écrivains du XIX° siècle : Eugène Sue, Honoré de Balzac et Victor Hugo.

Rien que pour cela, il sera beaucoup pardonné à Eugène François Vidocq !

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