Méridien de sang

Cormac McCarthy

Points / Editions de l'Olivier

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Le pitch

Dans les années 1850, un gamin de quatorze ans part au Texas rejoindre une bande de chasseurs payés pour exterminer les Indiens. Au milieu du désert, la loi n’existe plus. À ce jeu de massacre, seuls survivent ceux qui parviennent à éveiller la plus profonde et la plus intime sauvagerie…

Avec cet anti-western basé sur des faits réels, Cormac McCarthy nous livre l’un de ses plus grands romans : noir, lyrique et violent.

Mon avis

Cormac McCathy, un des écrivains majeurs américains du dernier demi-siècle, n'était pas un auteur qui écrivait pour amuser les gens. Pas du tout.

Je dirais même que, en général, il prenait un malin plaisir à remuer la cervelle de ses lecteurs en leur exposant au soleil, bien en face, les tripes de la réalité la plus noire et les reflets les plus sombre de l'âme humaine.

Pour une grande partie de son œuvre, la noirceur de ses peintures étaient compensés par la beauté sèche de son style et par la profondeur de sa réflexion sur ce qui conduit l'homme vers son destin.

N'hésitez pas une seconde à découvrir le chef-d'œuvre La route, ou le fantastique No country for old man (mes critiques sont sur le site).

Parfois, cependant, le fond du roman - l'intention - ne parvient pas relever l'absolue désespérance du ton.  C'est malheureusement le cas pour Méridien de sang, un de ses tout premier roman (1985).

Le roman, lu dans la très jolie édition des éditions de l'Olivier, m'a dans un premier temps déconcerté et même passablement énervé.

Il faut dire que l'auteur ne facilite pas le travail au lecteur, en omettant sciemment d'utiliser le tiret cadratin pour introduire les lignes de dialogues, tout en omettant (tout aussi volontairement) de traduire en français les nombreuses phrases de dialogue en espagnol. Pourquoi ?

Mais il m'a tout autant séduit, par la qualité fascinante de son style.

Utilisant à dessein la conjonction de coordination "et" pour joindre de longues phrases de descriptions, il parvient à déployer celles-ci jusqu'à un point où le récit relève presque de l'incantation.

Le procédé atteint son point d'orgue dans le quatrième chapitre, qui est un petit chef-d'oeuvre d'écriture.

Cependant, il ne suffit pas de bien écrire pour créer un bon livre.

La preuve ici où, pendant 450 pages, McCarthy retranscrit (selon des faits réels, nous dit l'éditeur) la geste d'une bande de desperados ravageant l'ouest des Etats-Unis et le Mexique au XIX° siècle, tuant, violant, massacrant, torturant, mangeant tous les êtres humains qui se trouvent sur leur chemin.

Sorte de manifeste sans fin des pires turpitudes humaines, le récit gonfle peu à peu, écœurant progressivement le lecteur par ses excès incessants.

Et sur plus de 400 pages, c'est éprouvant, très, très long et surtout terriblement répétitif.

Comme il manque une réelle intention au roman (du moins... je ne l'ai pas identifié, et je ne pense pas être plus bête qu'un autre lecteur !), on finit par décrocher, tôt ou tard, abandonnant les deux personnages principaux (le Gamin, et le Juge) à leur quête nihiliste.

 

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