Nouvelles africaines

Doris Lessing

Le livre de poche

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Le pitch

C’est dans le souvenir de ses années passées en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) que l’auteur des Enfants de la violence et du Carnet d’or a puisé la matière de ces nouvelles.

Noirs asservis et humiliés – les uns se résignant, les autres se réfugiant dans un silence hostile –, Afrikaners et Anglais, colons opulents, « petits Blancs » paupérisés redoutant de tomber au niveau des Noirs : à travers une foule de personnages parfois tragiques, parfois dérisoires, campés en quelques pages avec un art parfait, Doris Lessing donne un tableau saisissant de l’Afrique australe des années 1970.

Mon avis

Doris Lessing, avant de devenir l'auteure majeure de la littérature britannique que l'on connait (prix Nobel en 2007 au terme d'une très longue vie mouvementée), a vécu quasiment toute son enfance et jusqu'à l'âge de trente ans en Rhodésie du sud.

Sa vie d'enfant d'expatriés dans une colonie anglaise du sud de l'Afrique, durant toute l'entre-deux guerres, l'a profondément marquée.

Fascinée par des idées profondément progressistes, elle est profondément choquée - traumatisée serait sans doute plus le juste mot - par le régime d'apartheid colonial qui règne alors dans ce pays.

Un pays où les colons britanniques (souvent des "petits blancs") usent et abusent de leur supériorité légale sur la population noire, vivant dans des conditions absolument misérables.

Après guerre, alors qu'elle s'est installée en Angleterre (qui n'est même pas son pays d'origine puisqu'elle est née en Iran), elle commence à rédiger une longue série de nouvelles où elle dépeint ce qu'elle a vu pendant trente ans.

Ce sont ces nouvelles qui constituent les trois recueils publiés par Le livre de poche et que je vous conseille de lire absolument, tant elles sont tout autant belles que terribles.

Doris Lessing maîtrisait une plume superbe, un style classique, précis et sensible, tout à fait remarquables.

Dans ces récits d'une longueur extrêmement variable (je vous conseille en priorité le premier volume qui regroupe en 300 pages neuf courtes nouvelles), elle peint, avec une subtilité infinie, la vie des habitants de la Rhodésie.

Les colons, souvent devenus exploitants agricoles, vivant au milieu du bush, isolés, repliés sur eux-mêmes tout en exploitant les tribus noires qui travaillent, soit comme domestiques, soit comme travailleurs terriens.

D'autres, fonctionnaires pour le gouvernement anglais, vivant dans les zones urbaines dans des conditions qu'ils considèrent comme humiliantes, au côté des "petits noirs", traités littéralement comme des esclaves.

Dans ces nouvelles, des pièces d'une petite musique teintée de désespoir, ressort la misère affective et morale de tous, blanc, noirs, personne n'est épargné.

Cela pourrait être sordide, c'est juste terrible et - de par la grâce du talent de Doris Lessing - parfois terriblement beau.

N'hésitez pas une seconde : ces Nouvelles africaines sont, à la connaissance, les plus belles pièces jamais écrites sur cette Afrique noire de la première moitié du siècle, au côté des textes d'Ernest Hemingway réunis dans Les neiges du Kilimandjaro.

A placer dans ma bibliothèque idéale.

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