Saga
Gallimard / Folio
Saga
Gallimard / Folio
Le pitch
Trois hommes, une femme, embarqués dans une drôle d'aventure : écrire le scénario d'un feuilleton télévisé destiné à occuper l'antenne pendant les heures creuses de la nuit. Peu importe l'histoire puisque personne ne la regardera, la saga n'obéit qu'à un seul critère : coûter le moins cher possible en décors, acteurs et tournage.
Et les quatre scénaristes, que tout sépare, ont été recrutés pour leur seul point commun : ils n'ont pas les moyens d'être exigeants. Marco, le narrateur, est quasiment prêt à travailler gratuitement, Jérôme, le plus jeune, s'est déjà brûlé les ailes dans son rêve de conquérir Hollywood, Mathilde est une pisse-copie du roman sentimental, et Louis a connu son heure de gloire à Cinecittà mais il y a longtemps déjà.
La rencontre des quatre auteurs va pourtant avoir des conséquences inattendues. Puisqu'ils ont toute liberté, à condition d'être économes, ils décident de se faire plaisir et se lancent dans une histoire qui non seulement aura un succès inattendu, mais transformera leur vie, et même, à certains égards, l'ordre du monde.
Mon avis
Tony Benacquista est, depuis un quart de siècle, un des meilleurs auteurs français et, peut-être, un de ceux qui sait le mieux raconter une histoire.
Il est en cela, en quelque sorte, beaucoup plus proche de ses contemporains américains que français...
J'ai eu la chance de participer, d'une certaine manière, à la découverte de Benacquista puisqu'en 1985, jeune étudiant, j'étais également lecteur professionnel au Fleuve Noir.
J'ai alors eu à lire le manuscrit du tout premier roman (noir) de l'auteur, Épinglé comme une pin-up dans un placard de G.I., qui m'est apparu, tout de suite, comme un texte excellent.
Un style, de l'humour, de la vista. Peu après, j'ai donné un avis encore plus positif sur un deuxième manuscrit, La maldonne des spleepings.
Dans les années suivantes, j'ai vu l'auteur passer chez Gallimard et, au fil des titres, s'affranchir du roman noir (il y reviendra plus tard avec Malavita) pour aborder d'autre genre.
Et en 1997, Saga est publié. Le roman remporte un très grand succès, Prix des lectrices de Elle. Une rencontre entre un excellent livre et son public. Voilà pourquoi :
Saga développe une des idées les plus excitantes venue à l'esprit d'un écrivain ces vingt dernières années. Quel pitch !
Mais cette idée de huis clôt aurait pu déboucher sur un développement linéaire, anémique, convenu. C'est tout le contraire.
Avec sa plume acérée, son sens des dialogues et son esprit caustique habituel, Benacquista ne laisse jamais retomber le soufflé.
Au contraire ! Comme dans une série moderne - une très bonne ! - l'auteur amène, chapitre après chapitre, des rebondissements, des switchs qui relancent l'intrigue jusqu'au bout des 450 pages.
Saga, c'est aussi la préfiguration - l'anticipation même ! - de la folie qui nous cerne depuis plus de dix ans : d'un côté, la télé-réalité, avec ces huis clos étouffants et, de l'autre, les séries feuilletonnantes à la Plus belle la vie ou autre interminable série d'épisodes où les scénaristes doivent développer une intrigue infinie, sur la base d'une "bible" imposée.
Je ne saurais vous en dire plus, de peur de dévoiler l'intrigue.
Mais je ne peux que vous inviter à découvrir ce Tourne Page un peu tombé dans l'oubli, et à m'aider à en faire un nouveau succès, en en parlant et en l'offrant autour de vous !
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