Sauvage
L'iconoclaste
Sauvage
L'iconoclaste
Le pitch
A Rome, Ottavia Selvaggio a décidé à quinze ans d'être maîtresse de son destin.
Ni ses histoires d'amour, ni le mariage, ni même la maternité ne la font dévier de sa route. Pendant que son mari s'occupe de leurs enfants, elle invente dans son restaurant une cuisine qui ne doit rien à personne. En robe noire et sans frémir, Ottavia avance droit, jusqu'au jour où un homme surgit du passé avec un aveu qui la pousse à douter de ses décisions. Comment être certaine d'avoir choisi sa vie ? Le désir a-t-il une fin ?
Mon avis
Sauvage, c'est le nouveau roman de la jeune auteure nantaise Julia Kerninon, qui s'est fait remarquer avec son livre précédent, Liv Maria, publié en 2020 (et que je n'ai pas encore lu).
Sauvage, c'est le court récit de la vie d'Ottavia Selvaggio (quel joli nom !), italienne, romaine, cuisinière passionnée.
Quand je dis court récit, c'est parce que le volume publié par les éditions L'iconoclaste, s'il fait tout juste 300 pages, présente une mise en page ultra aérée.
Format presque carré, à peine plus de 200 mots par page, petits chapitres avec saut de page systématique, sans oublier un incipit et un excipit formalisés comme je n'en ai jamais vu (un procédé que j'ai trouvé presque choquant, tant qu'il contrevient aux pratiques éditoriales, on n'est pas dans un court d'écriture, que diable !).
Sauvage, c'est le qualificatif qu'attribue l'auteure à son héroïne.
Héroïne qui pourrait bien être le double littéraire de Julia Kerninon, c'est du moins ce qu'elle laisse assez clairement entendre, avec cette (très jolie) illustration de couverture qui présente un portrait qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau.
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Julia Kerninon, double d'Ottavia (et réciproquement) ?
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J'avoue tout de suite ne pas avoir été vraiment convaincu par l'intention de l'auteure. Non sur la forme, mais sur le fond.
Sur la forme, rien à redire, ou presque : Julia Kerninon possède indubitablement une jolie plume, assez intense, qui (référence italienne oblige) m'a fait un peu penser à celle d'Elena Ferrante (que j'apprécie énormément).
Récit à la première personne, le texte n'est pas loin de ressembler à un journal intime, ce qui explique la franchise avec laquelle Ottavia s'exprime sur les évènements de sa vie au fil des décennies.
Par contre, sur le fond, je n'ai pas bien compris où Julia Kerninon voulait mener ses lecteurs.
Passées les cent premières pages, vraiment réussies, le récit commence à patiner, suivant en pointillé, au fil du temps, les étapes de la vie d'Ottavia.
Un récit en accéléré, qui s'arrête quelques pages sur une période avant de faire un grand bond en avant.
Du narratif, encore du narratif, peu de dialogues, impossible de ressentir de l'empathie pour la femme et les trois hommes qui peuplent le roman (les autres personnages - comme les enfants d'Ottavia - ne sont que des silhouettes, pire, des ectoplasmes).
Ottavia, justement, présentée comme une personnalité complexe, passionnée, mais surtout "sauvage" par l'auteure, elle apparait surtout comme immature, égoïste, autocentrée !
Quand à l'autre sujet central du roman - la cuisine - elle ne sent rien. Aucune odeur, aucun goût : l'auteure échoue à nous en faire partager les saveurs.
Résultat : je me suis détaché peu à peu de ma lecture, pour l'achever déçu, aussi indifférent qu'un brin énervé.
Dommage. J'ai noté que nombre de lecteurs avaient bien plus apprécié Liv Maria, le roman précédent. Je me laisserai sans doute tenter.
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