Souvenirs, souvenirs…

Catherine Nay

Robert Laffont

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Le pitch

" Je serai journaliste ", se promet très tôt la jeune provinciale de Périgueux. Pourquoi ce métier ? Par goût de l'écriture ? Pour partir en reportage et raconter le monde ? Non, pour être libre.

Après une enfance heureuse au sein d'une famille aimante et protectrice, Catherine Nay accomplit peu après son arrivée à Paris un rêve qui fut celui de tous les journalistes débutants dans les années 1960 : entrer à L'Express, la meilleure école de presse à cette époque, sous la double houlette de Jean-Jacques Servan-Schreiber et, surtout, de Françoise Giroud. Elle y trouve une sorte de seconde famille. La figure de Françoise Giroud, dont elle nous révèle ici des aspects inattendus, domine ces années. Elle incarne pour elle un modèle à la fois d'observatrice des moeurs de son temps et de femme de caractère.

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Catherine Nay et Jacques Chirac en 1986

Catherine Nay et Jacques Chirac en 1986

Catherine Nay a obéi dans sa propre existence à ce même désir de liberté et d'indépendance. Elle évoque ici pour la première fois sa rencontre en 1968 avec l'un des grands acteurs de la Ve République, Albin Chalandon, resté cinquante ans plus tard le grand amour de sa vie.

Devenue familière des coulisses du monde politique, elle nous offre dans le premier volume de ses mémoires, entre portraits à vif et anecdotes savoureuses, un récit original et perspicace, plein d'humour, d'intelligence et de vivacité, des règnes successifs de Pompidou, Giscard et Mitterrand, jusqu'à l'élection de Jacques Chirac, une chronique intime de cet univers de passions où s'affrontent des personnages hors normes dont elle recueille les confidences et décrypte les facettes les plus secrètes ou les mieux dissimulées.

Mon avis

Enfin, la grande (comme fut souvent appelé Catherine Nay au cours de sa vie) a décidé d'écrire ses mémoires !

Un moment attendu par tout le microcosme politique français, tant Catherine a vu, entendu, découvert, révélé, décrypté, au cours de ce dernier demi siècle.

Catherine Nay a été - et reste encore - une des meilleures observatrices de la vie politique : expérience, mémoire, esprit acéré, souvent caustique et cruel, elle a dès son entrée à l'Express, dans les années 60, puis à Europe 1, marqué le journalisme français.

Ce premier tome, qui court de la fin du "règne" de de Gaulle jusqu'à la première élection de Jacques Chirac en 1995, est indubitablement passionnant.

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Catherine Nay et Pompidou

Catherine Nay et Georges Pompidou

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Près de 400 pages serrées, bourrées jusqu'à la gueule de détails et d'anecdotes, souvent inédites : c'est toute une époque qui déboule sous sa plume.

Autant le préciser en guise d'avertissement : je pense que le plaisir du lecteur sera d'autant plus grand qu'il maîtrise l'histoire politique française.

Car Catherine Nay évoque, croque sur le vif une multitude de personnages dont la silhouette de nombre d'entre eux s'est, au fil du temps, estompée dans le souvenir des français.

Qui se rappelle encore, pour les moins de 50 ans, les personnages savoureux d'Olivier Guichard, Maurice Couve de Murville, Michel Jobert ? Et encore, ce sont parmi les plus connus des gaullistes d'antan.

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JJSS et Françoise Giroud

Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroux

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Nonobstant cet obstacle de persistance de la mémoire, Souvenirs, souvenirs... se lit comme un polar : un vrai Tourne Page !

Normal, tant la vie politique française a semé de cadavres sur son chemin !

Pour ma part, ce sont les portraits à charge de la journaliste qui m'ont le plus amusés. Quand elle n'aime pas quelqu'un, elle ne s'en cache pas !

Même si Catherine Nay balance toujours ses portraits en mettant en avant les qualités de ses  têtes de turc, Jean-Jacques Servan-Schreiber, en grand mégalomane, en prend plein la figure, Pompidou n'est pas épargné.

Quand à Giscard, elle est à la fois lapidaire et lapidatrice !

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Catherine Nay et Giscard

Catherine Nay et Giscard d'Estaing

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Catherine Nay parle beaucoup des autres, mais peu d'elle, si ce n'est qu'elle ne cache pas un seul instant sa passion d'une vie pour Albin Chaladon.

Incroyable histoire, puisqu'elle vivra près de 50 ans avec lui sans que ce dernier ne divorce de sa femme, la princesse Murat.

Il  épousera finalement la journaliste après la mort de sa femme, en 2016... alors qu'il atteint lui-même les 96 ans ! Ils auront la joie de vivre "officiellement" leur couple quatre ans, puisque l'ancien garde des sceaux est mort, un mois après avoir fêté son centenaire...

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Albin Chalandon

Alain Chalandon le jour de son mariage avec la princesse Murat

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Un reproche, un seul : cette chronique au jour le jour manque souvent d'un peu de recul, et d'une analyse sur l'évolution de nos mœurs et institutions politiques.

Mais peut-être Catherine Nay réserve-t-elle ses réflexions au deuxième volume de ses mémoires ?

Je l'attend avec impatience, comme les très nombreux lecteurs qui ont été conquis par le premier (le livre est un best seller !)

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