Un de Baumugnes

Jean Giono

Le livre de poche

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Le pitch

À la Buvette du Piémont, un vieux journalier est attiré par un grand gars qui paraît affreusement triste ; il provoque ses confidences : Albin vient de la montagne, de Baumugnes. Trois ans auparavant, il était tombé amoureux fou d’une fille qui s’est laissé séduire par le Louis, « un type de Marseille, un jeune tout creux comme un mauvais radis».

Le Louis ne lui avait pas caché que son intention était de mettre la fille sur le trottoir. Depuis, Albin est inconsolable, traînant de ferme en ferme, sans se résoudre à remonter à Baumugnes. Alors le vieux, qui n’est que bonté, décide d’aider Albin…

Mon avis

Un de Baumugnes, glissé au sein de la trilogie de Pan entre deux romans célébrissimes de Jean Giono, Colline et Regain, a souvent souffert de leur notoriété.

Pourtant, ce petit roman - presque une nouvelle - mérite toute votre attention, car c'est, à n'en pas douter un exemple parfait de la magie littéraire du grand écrivain.

L'histoire ? Un truc tout simple, comme vous pouvez le découvrir en lisant le pitch.

Amédée, un vieux journalier qui, le cœur sur la main, va sacrifier des mois de son existence pour aider un type qu'il a rencontré sur les champs, à retrouver la femme qu'il aime.

Un type quelconque, même pas un ami : à peine une connaissance.

Dans sa quête, Amédée va rencontrer un couple de paysans isolés, perdus dans la montagne. Le couple, replié sur lui-même, vit douloureusement la déchéance de leur fille, qui a fauté et vit recluse désormais avec l'enfant du péché.

A force de travail, de ruse et de générosité, Amédée va travailler les corps et les coeurs, pour ramener un peu de générosité dans ce monde si égoïste.

Ecrit en 1929, Un de Baumugnes est un roman poétique en prose.

Dès la première page, le lecteur est saisi par le style, unique, inimitable de Jean Giono, qui déverse une multitude d'images, de métaphores, d'association improbable de mots qui dessinent un monde de couleurs, de senteurs et de sons.(*)

Giono, profondément attaché à la nature et aux "choses du passé", est fondamentalement un homme du XIX° siècle, un adepte d'un monde où la machine et la modernité n'ont pas lieu d'être.

Cependant ce roman, avant d'être un hymne à la nature, est une fable qui rappelle les choses fondamentales du cœur, qui doivent gouverner l'âme et le destin des hommes.

Chez Giono, l'homme n'est pas toujours bon, loin de là, mais dans Un de Baumugnes, roman fondamentalement optimiste, c'est bien l'amour et l'abnégation de soi qui triomphent.

Sans nulle doute un des romans du sud que je placerais dans ma bibliothèque idéale.

(*) Voilà, parmi tant d'autres, un extrait du roman qui reproduit la beauté du style de Giono :

"D'abord ce fut comme un grand morceau de pays forestier arraché tout vivant, avec la terre, toute la chevelure des racines de sapins, les mousses, l'odeur des écorces ; une longue source blanche s'en égouttait au passage comme une queue de comète. ça vient sur moi, ça me couvre de couleur, de fleurance et de bruits et ça fond dans la nuit sur ma droite. Y avait de quoi vous couper l'haleine !

Alors, j'entends quelque chose comme vous diriez le vent de la montagne ou, plutôt, la voix de la montagne, le vol des perdrix, l'appel du berger et le ronflement des hautes herbes des pâturages qui se baissent et se relèvent toutes ensemble, sous le vent.

Après, c'est comme un calme, le bruit d'un pas sur un chemin : et pan, et pan ; un pas long et lent qui monte et chante sur des pierres, et, le long de ce pas, des mouvements de haie et des clochettes qui viennent comme à sa rencontre."

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