Blackwood
10/18
Blackwood
10/18
Le pitch
1975. Red Bluff, petite ville du Mississippi, se meurt en silence, étouffée par le kudzu, une plante grimpante qui envahit tout. Les rues sont désertes, les devantures closes, les habitants rares. Après des années d'absence, Colburn est de retour sur les lieux de son enfance, dans l'espoir d'exorciser le passé. Mais sa présence semble échauffer les esprits, déjà passa blement agacés par l'apparition d'une mystérieuse famille de vagabonds aux abords de la ville.
Lorsque deux enfants disparaissent, la vallée s'embrase.
Mon avis
Chronique d'une déception annoncée... voilà comment je pourrais appeler cette critique.
J'ai été parmi les premiers lecteurs français à découvrir Michael Farris Smith, en 2015, avec son roman post-apocalyptique Une pluie sans fin.
J'avais alors souligné la qualité de son écriture, que j'avais comparé (toutes proportions gardées) à celle du grand Cormac McCarthy, en mettant en avant la noirceur totale et assumée des thèmes développés et de la trame scénaristique.
Deux ans plus tard, il revenait avec Nulle part sur la terre, qui démontrait les mêmes qualités (et qui était de surcroit porteur d'une certaine foi dans l'humanité).
Par contre, avec Le pays des oubliés, en 2019, j'avais remarqué la difficulté qu'avait l'auteur a se renouveler, tant dans le fond que de la forme.
Du glauque hyper réaliste, dans la mouvance des auteurs du sud profond ? Soit, mais la veine commençait à s'épuiser... et je terminais par ces mots : "Mais j'attends plus de l'auteur pour le prochain. Allez Michael, t'es jeune, lâche toi, c'est maintenant ou jamais !"
Malheureusement, Farris Smith n'a pas entendu mon modeste encouragement et Blackwood est, à mon sens, vraiment raté.
Même toile de fond (la rusten belt, comme disent les américains), même perte de confiance dans la nature humaine; mais aussi, une désespérance gratuite liée à un scénario et des personnages épais comme une feuille de papier à cigarette.
Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir, comme aurait dit le poète (ha ! ha !), abus de glauquitude nuit gravement au moral du lecteur.
Pour parler franchement, passé le premier tiers du roman, je me suis assez abondamment ennuyé et n'ai terminé le livre que par fidélité à mon attachement antérieur.
Farris Smith est un auteur bourré de talent, mais je n'irais pas plus loin en sa compagnie s'il continue à tourner en rond en se complaisant dans une noirceur gratuite très mode.
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