Une pluie sans fin

Michael Farris Smith

Super 8 Éditions / 10/18

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Le pitch

Après des années de catastrophes écologiques, le sud des États-Unis, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man's land. Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l'évacuation de la zone.

Au sud de la Ligne se trouve désormais une zone de non-droit ravagée par les tempêtes et les intempéries incessantes, sans électricité, sans ressources et sans lois.

Cohen fait partie des rares hommes qui ont choisi de rester. Incapable de surmonter la mort de sa femme et de l'enfant qu'elle portait, il tente tant bien que mal de redonner un sens à sa vie, errant sous une pluie sans fin.

Des circonstances imprévues vont le mettre en présence d'une colonie de survivants, menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté par des visions mystiques. Celui-ci retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen va les libérer et tenter de leur faire franchir la Ligne.

Commence alors un dangereux périple à travers un paysage désolé, avec pour fin l'espoir d'une humanité peut-être retrouvée.

Mon avis

Une question pour commencer : pourquoi certains éditeurs ne peuvent-ils s'empêcher de "survendre" les romans qu'ils publient en les rapprochant d'un chef d'oeuvre existant ?

Réponse (à moi-même) : pour que le chaland l'achète, stupide !

OK.

Mais le risque n'est-il pas de décevoir le chaland acheteur, s'il s'avérait, comme dans 99 cas sur 100, que la comparaison est exagérée ? Et donc de perdre toute crédibilité à ses yeux pour l'avenir ?

Sans doute, mais j'imagine que beaucoup d'éditeurs préfèrent 20 € dans leur caisse tout de suite, plutôt que de fidéliser un hypothétique client !

Moyennant quoi, il peut arriver, dans un cas sur cent, que le rapprochement proposé ne soit pas complètement ridicule.

C'est le cas pour Une pluie sans fin, comparé à La route, de Cormac Mac Carthy, ce chef-d'oeuvre incontestable.

Alors bien sûr, ce n'est pas exactement le même niveau, notamment parce qu'il manque à ce roman la dimension métaphysique de son glorieux aîné, mais...

Trois points rapprochent les deux romans.

Le premier, c'est le cadre : un roman post apocalyptique, où l'homme survivant tente de survivre sur une Terre en parte détruite après une catastrophe.

Le second, c'est le style. Farris Smith n'arrive pas à l'ascétisme foudroyant de Mc Carthy, mais... on n'en est pas loin.

C'est de l'extra dry, un comble pour un roman qui patauge dans l'eau de la première à la dernière page !

Le troisième, c'est le point de vue : dans les deux cas, le message sur l'humanité est d'une noirceur presque (presque !) totale.

Alors, si vous aimez les récits noirs qui feraient presque passer Walking Dead pour une gentille ballade chez les zombies, si vous êtes prêt à plonger dans l'humidité absolue de ces 450 pages, au risque de faire chuter la température de votre moral de quelques degrés, allez-y !

Comme à son habitude, l'excellente maison d'édition Super 8 a encore déniché une petite perle (de pluie, bien entendu !) de l'autre côté de l'atlantique.

C'est un vrai Tourne Page, où l'on a l'impression, littéralement, d'entendre la pluie claquer sans fin sur le toit de son logement.

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