Ce que nous cache la lumière
Le Seuil
Ce que nous cache la lumière
Le Seuil
Le pitch
Tout absorbés qu'ils sont par leurs affaires de cœur, de foi, d'argent, par leurs marottes diverses et variées, occupés à peser les avantages et les inconvénients de la vie au sein de petites communautés aussi soudées que scrutatrices, les personnages de ces nouvelles tentent d'affronter les déceptions du quotidien. Ce sont des voix discrètes, rarement entendues, des vieilles filles un peu tristes, des ferrailleurs, des artisans, des retraités... souvent détestables, parfois admirables.
Sur les rives du Mississippi, sous la neige du Minnesota ou dans les montagnes de Caroline du Nord, Tim Gautreaux cartographie des existences bien loin des mondanités et des grands drames. Il manie la malchance sans sentimentalité, nous offre dans une prose ciselée des histoires bouleversantes ou hilarantes et, surtout, nous rappelle avec humour et empathie qu'il est, en général, inutile de prendre les choses trop au sérieux.
Mon avis
Dans ses remerciements, en fin de livre, Tim Gautreaux écrit : "Les nouvelles n'ont pas bonne presse de nos jours". Il a parfaitement raison, mais qu'est-ce que l'auteur américain dirait s'il était français !
Aux Etats-Unis, de nombreux auteurs renommés ont fait leur carrière ou leur renommée grâce aux nouvelles, avec des recueils qui se vendent et sont largement appréciés; mais en France, l'édition de nouvelles est un parcours d'obstacle et un luxe pour l'éditeur, car l'exercice n'est que très rarement apprécié et considéré par les lecteurs. Quel dommage...
Vous voulez une preuve de la magie de la nouvelle, sans pour autant aller piocher dans les œuvres de Maupassant, Somerset Maugham ou Jim Harrison ?
Alors plongez-vous directement dans Ce que nous cache la lumière, le merveilleux recueil du grand Tim Gautreaux , je vous garantie (satisfait ou remboursé !) que vous sortirez de sa lecture l'âme plus large, un léger sourire au coin des lèvres et l'oeil humide !
Tim Gautreaux est un des plus grands auteurs américains contemporains.
Même s'il n'a, sur le tard, publié que trois romans, deux d'entre eux - Le dernier arbre et, encore plus, Nos disparus - s'inscrivent d'ores et déjà parmi les meilleurs ouvrages de ce dernier quart de siècle, allez jeter un oeil sur mes critiques, vous comprendrez ce que je veux dire.
Et voilà que son éditeur (Le Seuil, en France) publie cette somme, plus de 500 pages serrées, 21 longues nouvelles dont la lecture m'a peu à peu envoûté, au point que, paradoxalement, je souhaite vous en dire le moins possible, pour ne pas gâcher votre plaisir de la découverte.
Tim Gautreaux est souvent dénommé le "Conrad des bayous".
Il est vrai que tous ces romans et l'intégralité de ces nouvelles se déroulent dans le sud des Etats-Unis. Et plus précisément, dans le deep south, là où on trouve de petites villes qui survivent tant bien que mal, peuplées de gens simples - ordinaires diront certains -, sans éducation, pauvres et loin de toutes structures sociales.
C'est ce petit monde, ce petit peuple que raconte Tim Gautreaux avec une humanité sidérante.
Car même si les histoires qu'il raconte sont souvent difficiles, douloureuses, tristes et déprimantes, il parvient, dans la plupart d'entre elles, à insuffler un espoir dans l'Homme tout à fait étonnant. Car, pour lui, la rédemption (sans connotation religieuse) est toujours possible, même jusqu'à la fin, au bord du gouffre.
Une bonne moitié de ces textes est tout simplement exceptionnelle.
Prenez juste, comme exemple, la dernière nouvelle, Ce que nous cache la lumière, qui donne son titre à l'ouvrage (le titre américain est Signals) : c'est une merveille.
Avec ce recueil indispensable, Gautreaux rejoint des auteurs comme - par exemple - Ernest Hemingway, Scott Fitzgerald ou Truman Capote au panthéon des novellistes américains.
NB. Un seul regret : la plupart de ces textes ne sont pas datés par l'éditeur. Pour celles qui le sont, il apparait qu'elles ont été écrites ou publiées il y a bien longtemps, dans les années 90. Acheter sur Amazon