Colorado blues

Kent Haruf

Pavillons Poche

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Le pitch

La ville de Holt a confié à Jack Burdette la gestion de la plus importante de ses entreprises : la coopérative agricole, dont il s'empresse de détourner l'argent. Puis ce grand charmeur disparaît subitement, abandonnant sa femme, Jessie, enceinte, et ses deux enfants.

La vengeance des habitants s'abat alors sur Jessie, qui a tout pour déplaire. Chaque samedi soir, après avoir enfilé une robe rouge qui moule ses formes parfaites, elle s'installe au pub et danse avec les hommes de Holt. Huit ans plus tard, l'enfant terrible a tout perdu et revient, décidé à regagner le cœur de sa femme...

Kent Haruf explore avec sobriété et pudeur les passions humaines ; son écriture, tout en délicatesse, est la marque d'un rare talent d'écrivain.

 

Mon avis

Un conseil, pour commencer : si vous ne l'avez pas déjà fait, ne lisez surtout pas le pitch du roman ! C'est une catastrophe : il dévoile une partie de l'histoire tout en la trahissant !

Même chose pour le titre. Colorado blues, c'est bullshit : allez voir plutôt le titre original. Where you once belonged, cela a tout de même un peu plus de gueule, non ?

Ceci dit, il faut parler de Kent Haruf.

L'auteur, âgé de 71 ans, est mort  en 2014, quelques mois seulement avant la publication de son dernier roman, Nos âmes la nuit.

Ce roman sur le dernier amour d'un couple qui se trouve, aux approches de la mort, est un des plus bouleversant qu'il m'ait été de donner de lire ces dernières années.

Il apporta une gloire posthume internationale à l'auteur, tout à fait justifiée. Une bien triste histoire, n'est-ce pas ?

Heureusement, il y a Robert Laffont.

S'il n'est pas un champion des quatrième de couverture et des titres traduits, l'éditeur publie peu à peu les rares œuvres de l'auteur (elles se comptent sur les doigts d'une main), permettant ainsi aux amateurs de littérature américaine de découvrir et apprécier un des auteurs majeurs de ce début de XXI° siècle.

Colorado blues est moins "parfait" que Nos âmes la nuit, mais il n'en est pas moins un roman formidable.

La maîtrise stylistique de Kent Haruf est fascinante.

Une épure totale, pas un mot de trop, aucun effort visible, rien qui dépasse; presque un compte-rendu journalistique.

Et pourtant, que d'émotion sous tendue dans certaines phrases !

Laissez-vous happer par ce récit tragique - terriblement tragique - qui plonge au fin fond de l'Amérique profonde, celle qui souffre sans un bruit.

Ce récit est celui d'un destin, d'une fatalité. Faith.

Vous tournerez la dernière page avec la gorge serrée.

Mais si vous n'avez pas peur des histoires tristes, précipitez-vous !

   

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