Dernier inventaire avant liquidation

Frédéric Beigbeder

Grasset / Livre de poche

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Le pitch

Les chefs-d'œuvre détestent qu'on les respecte. Ils préfèrent vivre, c'est-à-dire être lus, triturés, contestés, abîmés. Il serait temps de faire mentir la boutade d'Hemingway : un chef-d'œuvre est un livre dont tout le monde parle et que personne ne lit. F. B.

Frédéric Beigbeder a donc lu les cinquante livres du siècle choisis par les Français. De Gatsby le magnifique (nº 46) au Petit Prince (nº 4), sans oublier L’Écume des jours (nº 10), Belle du Seigneur (nº 32) ou Le Grand Meaulnes (nº 29), voici un panthéon des grands textes, comme s'ils venaient de paraître. Où Beigbeder tranche, persifle, s'enthousiasme, plaisante, s'émeut, et rend leurs couleurs à ces classiques parfois trop lointains. Avec mauvaise foi. Avec fougue. Avec drôlerie.

Mon avis

On peut reprocher beaucoup de chose à Frédéric Beigbeder : son égocentrisme forcené, son snobisme, sa fatuité, ses facilités, sa capacité à gâcher au fil du temps un talent d'écrivain pourtant manifeste...

Mais jamais,au grand jamais, on ne pourra lui dénier un véritable amour pour la littérature et une véritable volonté prosélyte de la faire partager au plus grand nombre. Emissions télévisées, critiques dans les journaux, livres divers : il n'a jamais raté l'occasion de donner envie de lire.

Merci Fred, t'es un vrai pote, nous partageons le même objectif !

Dernier inventaire avant liquidation est un essai de commande, plutôt malin.

Au détour du nouveau siècle, la FNAC a demandé à ses clients de citer les cinquante livres qu'ils considéraient comme les plus importants du XX° siècle; Beigbeder, lui, s'est chargé de (re)visiter cette liste et de rédiger un bref essai (trois ou quatre pages) sur chacun d'eux.

Autant le préciser tout de suite : les 6 000 français qui ont répondu à cette enquête n'ont pris aucun risque; que du lourd, du sûr, de l'institutionnel, et du local.

Une liste dépourvue de toute originalité qui privilégie de surcroît de manière éhontée la littérature française (les anglo-saxons sont dramatiquement sous-représentés et les non occidentaux... totalement absents !).

Mais au delà de la pertinence de cette sélection, c'est bien l'exercice de style auquel se livre Frédéric Beigbeder qui fait toute la saveur de cet essai.

Brèves, brillantes, souvent drôles, parfois éclairantes, ses incises forment une synthèse de ce qui fait (ou à fait) le talent de l'auteur.

C'est léger, dispensable, mais enlevé comme un dessert intellectuel gourmand.

Conseillé à tous les amateurs de littérature.

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